6 juin 2024, une nouvelle atteinte à la mémoire collective

En juin 2022, le Président Macron déclarait qu’il fallait privilégier le dialogue pour ne pas « humilier la Russie ».

En juin 2024, en refusant d’inviter une délégation russe au 80e anniversaire du débarquement des alliés en Normandie, il se prête à une nouvelle manipulation de l’histoire.

Par ce refus, Macron donne des arguments à Poutine qui ne manquera pas d’interpréter cet affront comme une humiliation du peuple russe pour justifier sa politique d’affrontement avec l’Occident. Même si nous désapprouvons l’intervention de la Russie en Ukraine, l’absence d’une délégation russe est un affront aux 16 millions de civils et aux 11 millions de combattants de l’armée rouge des peuples de l’URSS qui furent victimes du nazisme. C’est un geste de mépris aux travailleurs soviétiques qui, dans des conditions de vie extrêmes, ont su forger les armes de la victoire. C’est une insulte aux survivants, qui ont dû faire face aux conséquences des destructions incalculables, lesquelles n’ont jamais donné lieu à la moindre indemnisation.

Cette nouvelle atteinte survient après l’interprétation éhontée du pacte germano-soviétique que la droite et ses médias nous présente comme une alliance entre les nazis et les soviétiques. Une interprétation qui efface la scandaleuse sollicitude dont Hitler a bénéficié de la droite française et anglaise dans les années trente

Elle s’inscrit dans l’utilisation de la famine de 1932 assimilée comme un génocide perpétré par le pouvoir soviétique contre le peuple ukrainien.

En Belgique, la volonté de ne plus célébrer le 8 mai 1945 comme victoire sur le nazisme va dans le même sens. L’objectif est d’effacer de la mémoire collective que le 8 mai 1945 a créé un rapport de force favorable aux forces de progrès, dont les mécanismes ont permis une formidable élévation du bien-être des travailleurs dans l’après-guerre concrétisés par des conquêtes sociales qui sont de plus en plus remises en cause.

La présence d’une délégation russe à la commémoration du 6 juin 1944, aurait permis aux vétérans américains anglais et français qui ont survécu au débarquement en Normandie, de rencontrer les derniers survivants des batailles de Stalingrad et de Koursk, sans lesquelles, les débarquements en Afrique, en Sicile, en Provence et en Normandie n’auraient jamais eu lieu.

 

Vu le grand âge de tous ces braves, leur rencontre était l’ultime occasion d’amorcer un dialogue entre l’Ukraine et la Russie pour désactiver l’escalade belliciste et le climat de russophobie.

 

MD, le 22 juillet 2024

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Discours du 1er mai, prononcé à Liège par le Cde Marc Tondeur

Chers amis, chers camarades,

En ce 1erer mai,

Qui n’a pas entendu « Les syndicats, ça ne sert plus à rien », « les syndicats, c’est tous des profiteurs » ou encore « les syndicats empêchent les gens d’aller travailler », « ils nous prennent en otage » etc.. Ces propos attestent de l’influence de la droite et des médias à sa botte. Nous invitons les auteurs de tels propos d’interroger leurs parents et leurs grands-parents pour savoir ce qu’il en est…

N'oublions jamais que ce sont les travailleurs organisés en syndicat qui ont créé le rapport de force nécessaire à la constitution du patrimoine social. C’est ce patrimoine qui a permis une formidable amélioration du bien-être de ceux qui n’en possèdent pas. Ne perdons pas de vue que la remise en cause de ce patrimoine est toujours à l’ordre du jour de la droite.

En effet, le patronat n’a jamais offert les 3 X 8 heures, c’est-à-dire 8 heures de travail, 8 heures de repos et 8 heures de loisir. Les congés payés, le droit à la pension, à la Sécurité sociale et ses allocations, et l’émancipation des femmes ont été conquis de haute lutte, par d’immenses sacrifices, des larmes, et parfois du sang. Imagine-t-on encore aujourd’hui de travailler toute l’année, sans repos, en considérant le travail comme unique but de l’existence comme il l’était au 19e siècle quand les gens vivaient pour travailler ?

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« NOUS SOMMES AVEC VOUS »…???

« Nous sommes avec vous ». C'est dans ces termes que notre brillant Premier Alexandre De Croo s'est adressé à son homologue israélien Natanyahou lors de sa récente visite en Israël.

« Nous sommes avec vous » signifie qu'Alexan­dre et son gouvernement cautionne les violations du droit international perpétrées par Israël depuis sa fondation en 1948 alors que cet Êtat a été mis au monde par le droit international.

C'est en novembre 1947 que la résolution 181 de la jeune Organisation des Nations Unies (ONU) répartissait les 26.600 km² du territoire de la Palestine issu du démembrement de l'empire ottoman. La clé de répartition onusienne cédait 60%, soit 15000 km² à Israël et le solde de 40%, soit 11600 km²à la Palestine incluant une zone entourant la ville de Jérusalem placée sous statut international.

Aujourd’hui, les 11000 km² de la Palestine onusienne de 1947 sont réduits à une portion congrue de 6000 km² qui est grignotée chaque année par l’arrivée de 15000 colons israéliens qui assassinent ou chassent les habitants pales­tiniens de leurs terres et de leurs maisons avec l’appui de la police et de l’armée israélienne. A ce jour, si on tient compte du grignotage incessant de la Cisjordanie et de l’annexion du territoire syrien du Golan condamnée par les résolutions 242 et 497 de l’ONU, Israël contrôle un territoire de 27800 km².

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Lahbib en Israël : une visite inappropriée, une phrase qui tue

Lettre de Pierre Galand, Président de l'Association belgo-palestinienne (*) à Hadja Lahbib, notre Ministre des Affaires étrangères.

À quand un sursaut ?

 

Madame la Ministre des Affaires étrangères,

Le 27 mars, à la suite de votre visite au kibboutz de Niz Oz en compagnie du chef de la diplomatie israélienne Israel Katz, vous déclariez : “Nous sommes d'accord sur les objectifs [d'Israël] mais pas sur les moyens.”

Mesurez-vous ce que vous faites et ce que vous dites ?

Ce que les Palestiniens de Gaza attendent de vous, c'est une condamnation ferme et sans réserve de la guerre génocidaire contre Gaza. Vos relations diplomatiques avec le partenaire israélien, que vous qualifiez de "franches, ouvertes et sans tabou", risquent tout simplement d'apparaitre comme une grave compromission avec les auteurs d'un génocide.

Nous rappelons au gouvernement belge que la résolution 2728, adoptée ce lundi 25 mars par le Conseil de sécurité, exige un cessez-le-feu immédiat. Elle oblige l'ONU et ses membres à intervenir, de la même manière que s'imposent les ordonnances de la Cour internationale de justice du 26 janvier 2024. Le gouvernement israélien a annoncé qu'il n'entendait respecter ni l’une ni les autres.

Notre gouvernement, pour ne pas être accusé de complicité de génocide, se doit de prendre d'urgence des mesures. Dans un premier temps, convoquer l'ambassadeur d’Israël pour lui signifier que la Belgique ne peut se satisfaire des refus opposés par son gouvernement à la CIJ et au Conseil de sécurité des Nations Unies et que, sans un revirement de sa décision de poursuivre la guerre, la Belgique prendra des sanctions politiques et économiques contre Israël pouvant aller jusqu'à la suspension totale de nos relations diplomatiques avec lui. Exprimer également notre inquiétude pour les prisonniers politiques palestiniens – parmi lesquels Marwan Barghouti dont il faut exiger des nouvelles et la libération – dont les conditions de détention se sont dramatiquement dégradées. Exprimer clairement notre opposition à la poursuite de la colonisation des territoires en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Par ailleurs, la Belgique doit sans retard rappeler son ambassadeur à Tel Aviv et appeler les autres membres de l'UE à en faire autant.

Enfin, avec l'UE et les moyens appropriés, y compris une intervention de force, la Belgique se doit de briser le blocus et d'entrer à Gaza pour faire parvenir les secours humanitaires en suffisance à la population martyre gazaouie.

Dans le même temps, notre pays doit, avec le CICR, déployer une diplomatie active pour la protection des civils israéliens détenus par le Hamas et pour la protection de tous les prisonniers politiques palestiniens arrêtés en masse en Cisjordanie depuis le 7 octobre dernier.

Pierre Galand

Président de l'ABP

(*) voir aussi http://www.defenddemocracy.press/more-than-200-civil-society-organisations-demand-the-suspension-of-the-eu-israel-association-agreement/

Marc Tondeur, le 29 mars 2024

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Journalistes embarqués, caméras embarquées

Depuis un certain nombre d'années, sur le terrain des conflits, des guerres, les armées, notamment celle des Etats-Unis, ont pris l'habitude de proposer des « visites guidées » aux journalistes. Ceux-ci peuvent aller sur le terrain, le survoler à bord d'hélicoptères encadrés par des militaires.

Ainsi les journalistes sont-ils bien mis au courant de ce que veulent bien leur montrer les militaires et les politiques au pouvoir. Les journalistes sont mis au courant de ce qui doit leur être montré et donc de ce qui doit nous être dit.

En 2010, lorsque WikiLeaks publie la vidéo « Collateral Murder », il s'agit là d'images prises par une caméra embarquée qui filme les soldats tirant sur des civils après avoir demandé l'autorisation à leur hiérarchie, qui les filme et les enregistre demandant autorisation (et l'obtenant) de continuer le tir sur des blessés, adressant des commentaires injurieux à leur propos.

Ces images n'étaient pas destinées au public, mais uniquement à l'armée.

Le courage et la conscience de Chelsea Manning (alors analyste de l'armée US) ont permis que nous soyons au courant. Elle a déposé cette vidéo, et bien d'autres rapports par la suite, sur la plateforme WikiLeaks.
Julian Assange avait déclaré que cette vidéo semblait bien montrer des crimes de guerre et que s'il appartenait à la justice de le certifier, WikiLeaks espèrait qu'elle pourrait permettre de mettre fin à la guerre. Faire connaître de tels documents aux citoyens est un devoir pour les journalistes.

Mais voilà, les criminels ne sont toujours pas poursuivis et Julian Assange est privé de liberté depuis ces publications. Actuellement, il est en prison au Royaume-Uni depuis 4 ans et demi dans l'attente d'une décision sur son extradition demandée par les Etats-Unis qui veulent le condamner à 175 années de prison.

L'armée israélienne a hier (8 novembre 2023) invité des journalistes à entrer à Gaza.

Visite guidée à Gaza. En un lieu précis de Gaza, visite commentée par des militaires certifiant qu'ils n'ont vu aucun civil, seulement « des Hamas ».

Tant que le journalisme se laissera embarquer et que les journalistes qui publient des images authentiques, montrant des crimes avérés seront emprisonnés et leur réputation détruite, nous n'auront pas de réelle information et sans information, la manipulation peut s'installer.

Marie France Deprez, 09/11/2023

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