Forest, la fin d’Audi Brussels

Après Miesse en 1974, Citroën en 1980, Michelin en 1986 et Renault en 1997, la restructuration d’Audi Belgique sonne le glas de l’industrie automobile à Bruxelles et environs. Le constructeur allemand d’Audi a décidé d’arrêter la production du SUV Q8 e-tron, électrique dans son usine de Forest-Bruxelles pour la transférer au Mexique.

 

Les débuts modestes

L’histoire de l’usine de Forest est indissociable de la société D’Ieteren qui avait conquis ses lettres de noblesse dès le 19e siècle dans le domaine des attelages et de la carrosserie de luxe. En 1935, elle se spécialise dans le montage des automobiles américaines Studebaker réalisé dans ses locaux modestes de la rue du Mail à Bruxelles.

L’ascension

En 1948, D’Ieteren décide de transférer l’assemblage à Forest dans une nouvelle usine qui sera agrandie en 1952. A la même époque, D’Ieteren conclut un accord avec Volkswagen pour assembler les Porsche et la célèbre VW coccinelle, dont le premier exemplaire sort de la chaine de Forest en 1954. À ce moment-là, l'usine avait une superficie d'environ 314 000 m2 et occupait 750 employés, pour une production d’environ 75 voitures par jour.

En 1960, la production des Studebaker a été arrêtée, mais la production de Volkswagen et Porsche se poursuit.

Vers la fin de 1970, l'entreprise est rachetée par Volkswagen Allemagne. Complètement modernisée, l’usine de Forest devient alors « Volkswagen Bruxelles S.A. – Brussel N.V. ». En 1975, la production des Coccinelles est arrêtée après 1 143 664 unités. Elle sera supplantée par d’autre modèles dont la VW Golf qui sera produite à plus de 4 millions d’exemplaires. De 1987 à 1991, l’usine de Forest s’agrandit en intégrant les anciennes usines Citroen et en modernisant ses installations.

Début de la fin

En 2006, le groupe annonce la fin de la production des Golf et dans un premier temps, la suppression d'environ 3 000 emplois sur le site qui employait environ 4 500 personnes pour une production d'un peu plus de 200 000 véhicules par an. Sous la pression des travailleurs relayée par la Fédération européenne des métallurgistes, le groupe VW propose de lancer la production de l'Audi A1 à Forest pour limiter l'impact sur l'emploi. Cependant, cette offre est subordonnée à une augmentation de la productivité de 20 % recherchée dans une flexibilité accrue, un allongement du temps de travail, une modération salariale et un soutien public à l'investissement.

Aujourd’hui, les gains de productivité consentis par les travailleurs en 2006, auront peu de chance d’infléchir la décision d’AUDI de fermer l’usine pour la fin 2025. Cette fermeture entrainerait la perte de 3000 emplois du site de Forest à laquelle il faut ajouter les 1000 emplois indirects des cinq entreprises fournisseurs de l’usine de Forest qui sont également menacées. 

 le 23 juillet 2024, MD

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Ils ne veulent pas travailler ?

Le dimanche 23 juin, l’émission « Rendez-vous »de la chaine RTL nous a permis d’assister à la consternante prestation de Mme Galand qui s’est prononcée sur l’opposition entre les chômeurs profiteurs et tous ceux qui veulent travailler. Un thème largement exploité par la droite durant la campagne électorale.

Mme Galand considère que les chômeurs sont « Des gens qui ne veulent pas travailler parce qu’ils ont des revenus trop importants au chômage ».

Nous rappelons que depuis le 1er mai 2024, un chômeur avec charge de famille perçoit au maximum une indemnité mensuelle de 2187 euros brut. Avec deux enfants, il touchera 332 euros d’allocation familiale en plus, soit 2519 euros.

Or, pour une famille de deux adultes et deux enfants, le seuil de pauvreté est fixé à 2715 euros par mois. Avec ce qu’elle qualifie de « revenus trop importants », nous invitons Mme Galand à faire face au coût de la vie, dont les loyers qui atteignent en moyenne 750 euros en Wallonie. Nous pensons qu’en cumulant des revenus de députée fédérale et régionale avec celui de bourgmestre, elle bénéficie d’un statut social plus que confortable qui ne lui permet certainement pas de juger ou de donner des leçons aux chômeurs ou autres allocataires taxés d’assistés revenus mensuels bruts d’un député : régional 8.914 euros, fédéral :8.472 euros auxquels s’ajoutent 2.490 euros net pour frais de représentation. En fonction du nombre d’habitants un bourgmestre wallon perçoit mensuellement 1.374 à 5.157 euros net.). 

Pour inciter les chômeurs à travailler, Mme Galand défend la potion miracle du MR qui consiste à instaurer une différence de 500 euros entre les revenus des gens qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas.

En soutenant que les chômeurs ont des revenus trop élevés, Mme Galand sous- entend que cette différence n’est pas à rechercher dans une augmentation des salaires mais dans une réduction des allocations de chômage dans le temps. Il pourrait difficilement en être autrement pour une mandataire d’un MR qui relaye constamment les plaintes du patronat sur les salaires trop élevés. Un parti qui maintien le blocage des salaires depuis 1996 et qui remet en cause la liaison automatique des salaires au cout de la vie ! Toute diminution des allocations de chômage entrainera une augmentation du nombre de bénéficiaires des CPAS avec des conséquences catastrophiques pour le financement de l’aide sociale assuré en partie par les communes.

Mme Galand dénonce que dans son arrondissement de Mons-Borinage, une personne en âge de travailler sur deux ne travaille pas. Elle oublie que, mis à part sa commune de Jurbise et celles de Lens et Quévy, le taux de pauvreté moyen de l’arrondissement de Mons Borinage est de 20%, et atteint près de 60% dans quatre autres communes de l’entité. Apparemment, Mme Galand ne comprend pas que la pauvreté contribue à entretenir un faible taux d’instruction incompatible avec le marché de l’emploi de notre époque, lequel exige de plus en plus de qualifications. À une époque où l’informatique est omniprésente dans les entreprises, en Wallonie, 49% des citoyens ont des compétences trop faibles en la matière ou n’en sont même pas utilisateurs.

Pour Mme Galand, les mythes des années 70 du chômeur qui va « pointer en Cadillac » ou du malade imaginaire italien qui chante « que la vie est belle à la mutuelle » ont la dent dure.

Certes, si nous reconnaissons que ceux qui abusent de la solidarité doivent être sanctionnés, nous comprenons que des chômeurs réfléchissent à deux fois avant d’accepter un emploi. Avec deux jeunes enfants à charge, un père de famille ou une mère célibataire qui acceptent un emploi, devront débourser une moyenne de 460 euros par enfants pour la crèche en plus des frais de transport. Il est un fait que face à des salaires peu attractifs, certains réfléchissent au moyen de s’en sortir en cumulant leur indemnité de chômage avec un travail au noir. Même si ces choix sont discutables ils sont certainement préférables aux trafics en tout genre et autres activités illicites qui plongent leurs racines dans la précarité.

En conclusion, l’attractivité du travail passe par le rétablissement du rôle des organisations syndicales dans la libre négociation du niveau des salaires et non par la répression des chômeurs.

MD, le 23 juillet 2024

 

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Coke en stock à Anvers et Bruxelles

Ces derniers temps, des faits divers tragiques et inquiétants attirent notre attention. Dans certains quartiers de Bruxelles, des règlements de compte sur fond de trafic de drogue se règlent par des fusillades et font des victimes. Il est clair que ces faits font les choux gras de la droite et de ses médias, qui ne manqueront pas de les instrumentaliser pour justifier une augmentation de la répression. 

Chnouf et cash à gogo.

En 2023, 121 tonnes de cocaïne ont été saisies au port d’Anvers, soit huit fois plus qu’en 2013. Au prix de 50 euros le gramme, la saisie est estimée 6 milliards d’euros. Cette estimation est minimaliste, car la cocaïne est généralement allongée avec d’autres substances pour gonfler sa quantité. Si on tient compte que les saisies ne concernent que 2% des 12,5 millions de containers en transit dans le port, la quantité totale est donc largement supérieure. Selon une estimation, le chiffre d’affaire de la coke en Belgique avoisinerait 55 milliards d'euros, soit le budget annuel prévu pour nos pensions en 2024. Le port d’Anvers est devenu un monstre qui s’étend sur une superficie de 130 km², comprenant 160 km de quais dont il est très difficile de contrôler tous les accès. Dans ces conditions, les mafieux peuvent facilement pénétrer dans les installations portuaires pour soudoyer le personnel. Un docker qui accepte de déplacer un conteneur à un endroit bien précis fixé par la mafia peut recevoir une commission qui peut atteindre 100.000 eurosLes travailleurs qui refusent de se soumettre sont menacés ou intimidés.

Drogues et Pauvreté

La situation à Bruxelles ressemble de plus en plus à celle de Marseille ou le trafic de drogue est actif depuis les années trente. Le célèbre film French Connection a illustré l’activité de la mafia marseillaise dans la production de l’héroïne a destination des USA. Au-delà de la came, du pastis et de la bouillabaisse, Marseille est connue pour son taux de pauvreté qui touche 26% de sa population et atteint 50% dans certains quartiers défavorisés.

A Bruxelles, il est clair que le trafic de drogue est facilité par sa proximité avec le port d’Anvers. Mais il s’explique également par un taux de pauvreté qui dépasse celui de Marseille  et atteint 28%, contre 8% en Flandre et 15% en région wallonne. Aujourd’hui, 3 bruxellois sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté. Outre l’inflation, cette évolution n’est pas étrangère à l’explosion des loyers. Dans ces conditions, les trafiquants ont facile à recruter du personnel à leur botte  qu’ils paient pour surveiller leurs  points de vente, conditionner la drogue ou la dissimuler. En France, ce trafic génère 21.000 emplois à temps plein.

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Elections, à droite toute !

Comme il fallait s’y attendre, on assiste au renforcement de la droite dans tout le pays. En Wallonie et à Bruxelles, il se concrétise par la victoire du MR mais également par une spectaculaire percée de la droite chrétienne sous l’étiquette « Les Engagés ». En offrant la tête de leur liste à l’ex-président du patronat wallon (UWE) Olivier de De Wasseige qui déclare « Il y a trop de services publics en Wallonie », les Engagés montrent pour qui et pour quelle classe ils s’engagent. Au MR, les déclarations du député Jeholet, qui invitent ceux qui défendent le port du voile à quitter le pays, ne l’ont pas empêché de récolter 64000 voix de préférence, un score qui en dit long sur l’évolution du MR.

En Flandre, la victoire de la NVA n’est pas étrangère à l’inertie du Vlaams Belang. C’est la victoire de la droite la plus réactionnaire, et de son leader Bart De Wever qui jouit d’un prestige indiscutable. En avouant « mon patron c’est le VOKA », De Wever confirme ses relations privilégiées avec le patronat flamand. Le fait qu’il se considère comme le fils spirituel du philosophe réactionnaire Edmund Burke n’est pas de bonne augure. Même s’il s’en est défendu durant toute la campagne, un rapprochement de Bart De Wever avec le Vlaams Belang n’est pas à exclure, si les négociations en cours ne répondent pas à son ambition de devenir  premier ministre. Un tel rapprochement, qui relancerait le projet confédéral, serait catastrophique pour la Wallonie.

Un gouvernement fédéral de droite composé du MR, des Engagés et de la NVA présidé par Bart De Wever aura un impact catastrophique pour tous les travailleurs du pays. Un tel rapport de force peut permettre une remise en cause, qui reste à l’ordre du jour de la droite et du patronat, de l’ensemble des conquêtes sociales.

Il ne serait pas étonnant qu’une telle mouvance libère le VB de son cordon sanitaire pour entraver la gauche radicale et les syndicats. Les déclarations de Georges-Louis Bouchez, qui estime que la gestion du chômage est un « business rentable pour les syndicats », rappellent les exigences patronales d’imposer une personnalité juridique à ces organisations. Les dernières injonctions de la commission européenne qui exige que la Belgique réduise sérieusement ses dépenses ne manqueront pas de conforter les arguments de ce gouvernement.

Du côté francophone, il est clair que le recul constant du PS et la défaite cinglante d’Ecolo ne sont pas étrangers à leur soutien au dernier gouvernement. Leur complicité avec la droite dans la campagne anti-PTB qui est qualifié d’anti-démocratique et est amalgamé avec le VB, n’a certainement pas contribué à valoriser leur image.

Le PS et Ecolo n’ont pas compris que leur salut en Wallonie était indissociable d’un rassemblement incluant le PTB avec les syndicats et tous ceux qui défendent le patrimoine social.

Si les résultats du PTB confirment son avancée significative à Bruxelles et particulièrement réjouissante en Flandre, son tassement dans son fief Wallon est interpellant et inattendu. Avec des scores de 3 à près de 5% dans certaines circonscriptions, l’apparition du mouvement « Chez nous » qui est parrainé par les ténors de l’extrême droite européenne est préoccupante. Elle nous rappelle que la précarité et l’exclusion sont le terreau du nationalisme et du fascisme.

Dans tout le pays, la victoire de la droite est surtout la victoire de ses médias et du fric, qui s’apparente de plus en plus à une campagne à l’américaine. Durant cette campagne, le recours aux réseaux sociaux a favorisé une communication réduite à sa plus simple expression au profit d’une réaction excluant la réflexion.

Des experts en communication nous apprennent que le nouveau mouvement d’extrême droite « Chez Nous » est le parti wallon le plus actif et le plus populaire sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement sur les réseaux plébiscités par la jeunesse, à savoir Instagram et TikTok. 

Cette soi-disant communication entretient une extension de la dépolitisation qui se traduit par 1.050.000 abstentionnistes (12,5% du corps électoral) et 416.000 bulletins blancs. Il faut y ajouter les 75.000 voix du Parti Blanco dont le programme défend que les élus ne feraient partie ni d’une majorité ni d’une opposition. Mais, gageons qu’ils ne sont pas encore élus. Affaire à suivre.

Marc Denonville, le 26/06/2024

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Communiqué de la Maison des Livreurs

Les livreurs qui travaillent pour la plateforme Uber Eats (branche livraison de Uber) mèneront une action de grève ce mardi 30/4 et ce mercredi 1/5.

Leurs revendications sont :

1. Une augmentation de leur rémunération d’au moins 2€ par course et de 0,5€/km parcouru.

Les rémunérations n’ont en effet pas augmenté depuis 2019, alors qu’entretemps l’inflation a été d’au moins 20%.

2. L’arrêt de toute déconnexion sans qu’il y ait eu un entretien préalable entre UBER et le livreur concerné, afin que ce dernier puisse se défendre.

Les livreurs ne peuvent plus supporter les déconnexions automatiques (décidées automatiquement par l’algorithme sur base de critères obscurs), sans possibilité réelle de défendre leur point de vue.

Ceci sans préjudice du respect de la loi qui prévoit que les livreurs sont présumés salariés, ou de l’application par analogie de l’arrêt de la Cour du Travail de Bruxelles (affaire Deliveroo) qui statue que les livreurs doivent être déclarés comme salariés par la plateforme. Mais en attendant que les pouvoirs publics fassent respecter la loi, les revendications ci-dessus ne peuvent plus attendre.

Les livreurs s’insurgent aussi contre la mollesse des pouvoirs publics. Des lois existent (notamment la présomption de salariat en vigueur depuis le 1/1/2023), la Justice s’est prononcée fin 2023 dans l’affaire Deliveroo disant que les livreurs doivent être déclarés comme salariés et avoir les mêmes droits que les autres travailleurs, mais dans les faits rien ne change dans leur situation. Ils sont aussi régulièrement victimes de discrimination, racisme et d’acharnement administratif, alors que les plateformes qui les exploitent ne sont pas inquiétées.

Pendant l’action de grève, les livreurs feront le tour des restaurateurs pour demander leur solidarité.

Un rassemblement des grévistes devant le siège d’UBER en Belgique (Bd Louis Schmidt 29 à 1040 Bruxelles) est prévu le 1/5 à 16h30.

Contacts :

Maison des Livreurs : Camille PETEERS 0499 84 39 83

CSC – United Freelancers : Martin WILLEMS 0491 29 84 78

CSC Transcom : Philippe LESCOT 0478 88 33 51

La Maison des Livreurs est un lieu où sont accueilli les livreurs qui travaillent à Bruxelles pour diverses plateformes (Uber Eats, Deliveroo, …). C’est un lieu de détente, d’information et de militance pour de meilleures conditions de travail. Une permanence est organisée 3 jours par semaine. L’initiative est co-organisée par le Collectif des Coursiers, la CSC Bruxelles, CSC-United Freelancers et les jeunes FGTB.

Martin Willems, le 28 avril 2024

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