IN MEMORIAM

   José GOTOVITCH

Le meilleur connaisseur de l’histoire des communistes en Belgique nous a quitté. José Gotovitch était né, en 1940, dans une famille de Juifs polonais communistes immigrés à Bruxelles.  Sous l’occupation elle s’enfuit par les toits lors d’une rafle. Grâce à la Résistance, elle traverse la guerre dans la clandestinité. José et Louise, sa sœur ainée sont des enfants cachés.

A la Libération, la vie reprend son cours normal. José s’engage dans un mouvement de Juifs progressistes, puis au Parti communiste de Belgique. Il est secrétaire national des Etudiants communistes pendant ses études à l’ULB et découvre Cuba révolutionnaire.  La publication de l’AN 40 avec Jules Gérard-Libois lui vaut une réputation d’historien de valeur. Il est un pionnier de l’histoire orale en écrivant sa thèse de doctorat basée sur des centaines de témoignages de résistants et de militants communistes. Elle sera à la base de Du Rouge au Tricolore, ouvrage fondamental pour l’histoire du PCB dont il organise  les archives avec le regretté Milou Rikir. Directeur  du Centre d’étude de la seconde guerre mondiale devenu CEGESOMA, professeur à l’ULB, membre de l’Académie royale,  Il fonde aussi le Centre d’étude de d’histoire et de sociologie des Gauches qu’il anime avec Anne Morelli. Il est devenu une sommité de l‘histoire contemporaine en Belgique mais sans prétentions. Tout qui l’a connu peut témoigner de sa simplicité et de son caractère jovial. Il est aussi orateur d’une loge modeste, la Butte aux Cailles (allusion à la Commune de Paris) du Grand orient de Belgique.

Il se met au service du CArCoB dont il devient Directeur scientifique bénévole.  Il poursuit ainsi  son travail après sa retraite officielle. Il y édite un recueil d’articles et de communications sélectionnés par Claude Renard, Du communisme et des communistes en Belgique une version actualisée du Rouge au tricolore, rédige de nombreux articles pour le Dictionnaire mondial du mouvement ouvrier (Maîtron en ligne) et jette ses dernières forces dans Allons au-devant de la vie consacré aux étudiants et jeunes communistes de la génération d’avant-guerre. Gravement malade et désespéré par le mort de son épouse, il choisit de partir. Ainsi disparaît un grand historien communiste, franc-maçon et juif antisioniste.

Photo: CArCoB

Jules Pirlot, le 11/03/2024 

 

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COLRUYT, Hedebouw et la presse aux ordres

 

La campagne électorale a commencé, si l’on en juge par l’empressement de la droite et des médias ordinaires (radios, télés, journaux …) pour fustiger, en toute méconnaissance de cause, la dénonciation de Raoul Hedebouw qui affirme que la plupart des multinationales payent un impôt sur les bénéfices ridiculement bas, en prenant l’exemple de Colruyt (0,27%).

Un commentateur plus prudent que les autres, car plus au fait de ce qu’est l’optimisation fiscale, dit pourtant que ce qu’affirme Raoul Hedebouw n’est « pas tout à fait vrai ». En toute logique, c’est donc que ce qu’il dit n’est pas tout à fait faux. Comment alors s’y retrouver ?

Élargissons quelque peu le sujet : comment font les multinationales pour éluder une grande partie de l’impôt ? Elles payent grassement des avocats fiscalistes, eux-mêmes travaillant souvent pour des banques et des sociétés dont l’objet est de créer des montages financiers destinés à éviter de payer trop d’impôts. Ce n’est pas de la fraude fiscale, qui est illégale, mais de l’optimisation fiscale, légale ou en marge de la légalité, dans une zone grise. C’est en tout cas immoral et incivique.

Pour comprendre un de ces mécanismes parmi de nombreux autres, il faut nous pencher sur ce qu’a inventé le législateur, les Revenus Définitivement Taxés (RDT). La maison-mère de Colruyt fait d’immenses bénéfices en Belgique. Elle devrait être taxée à 25 %, c’est la loi (ce taux était de 33 % jusqu’en 2018, mais notre gouvernement entend volontiers les pleurnicheries du patronat). Pour éviter de payer ce qu’elle doit, elle délocalise tout ou partie de ses bénéfices en investissant au moins 2,5 millions d’euros dans une de ses filiales située dans des pays où le taux d’imposition est bien plus bas (exemples : l’Irlande, le Luxembourg ou encore d’autres paradis fiscaux européens). Une fois les impôts payés dans ces paradis fiscaux, les sommes délocalisées peuvent revenir en Belgique, car on ne paye pas deux fois des impôts, une fois « au Paradis » et ensuite au retour ; c’est logique. Ce sont les Revenus Définitivement Taxés.

Ce qui se passe ensuite « au Paradis » est opaque. Même les spécialistes ont du mal à tracer l’argent qui entre, qui ensuite fait partie de montages complexes qu’il est très difficile de débrouiller.

Donc Colruyt paiera 25 % d’impôts sur les bénéfices qu’elle n’a pas délocalisés, c’est-à-dire fort peu de choses. Il faudra bien sûr ajouter l’impôt perçu au « Paradis ». En Europe, l’impôt va de 0 % (Monaco) à 35 % (Hongrie). L’Irlande impose deux fois moins les bénéfices que la Belgique (12,5%). Dans le cas de Colruyt, le Luxembourg gagne mais la Belgique perd. A l’échelle nationale, ce sont de colossales sommes qui sont perdues pour l’éducation, la sécurité sociale ou l’enseignement.

Va-t-on jeter la pierre aux grosses entreprises ? C’est tentant, d’autant que les gros actionnaires ont un train de vie insolent. Cependant les dirigeants ne font que ce qu’il faut faire pour satisfaire les actionnaires qui, sans de plantureux bénéfices, iraient placer leur argent ailleurs. Il faut être compétitif.

Voilà le maître-mot pour lequel les capitalistes du monde entier mordent et se déchirent : la compétitivité. Dans une compétition, il y a des gagnants et des perdants. Les gagnants sont ceux qui sont capables d’étouffer les petits. Les grandes surfaces ont tué quasi toutes les épiceries. Amazon a liquidé la plupart des librairies aux USA. Les exemples foisonnent.

Raoul Hedebouw a soulevé un lièvre qui gène beaucoup le patronat. Cela explique la réaction irritée de ses représentants; ils n'aiment rien moins que les communistes qui mettent leur nez dans leurs affaires.

 

Marc Tondeur, le 19 février 2024

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Commémoration de l'assassinat de Julien Lahaut


Photo: Copyright : Jan Hertogen npdata.be (2023)

Cher.es camarades et ami.es,

Permettez-moi de saluer votre présence à cet hommage à notre camarade Julien Lahaut dans le but de perpétuer les valeurs du mouvement ouvrier organisé qu’il a défendues dans l’adversité et dont nous voyons combien elles sont toujours actuelles.

Permettez-moi d’autre part, de remercier notre parti ami, le PTB, qui s’est chargé de l’organisation de cette commémoration. Nous combattons pour la meme cause.

Cette année, notre hommage au grand défenseur de la classe ouvrière qu’était Julien Lahaut survient en l'absence de notre camarade Marcel Bergen qui nous a quittés il y a quelques semaines et qui, pendant tant d’années, avait contribué à perpétuer ses idéaux ainsi que la commémoration de son assassinat. C'est pourquoi je vous propose d'observer une minute de silence à sa mémoire.

……..

Cher.es camarades,

Cela fait 73 ans aujourd’hui que, le 18 août 1950, le Président de notre parti et député de Liège, Julien Lahaut, était lâchement assassiné par un commando aux ordres des forces de la réaction nationale dont l’organisateur était André Moyen. André Moyen était un militant d’extrême droite viscéralement anti-communiste, bien connu du clergé, de la police judiciaire et des plus hautes autorités du gouvernement de l’époque qui l’ont protégé, mais également des milieux d’affaires de la Banque de Bruxelles et du holding Brufina qui le finançaient. 

Dans le climat de guerre froide et d' anti-communisme, Julien Lahaut a été assassiné parce qu’il personnifiait une volonté populaire qui représentait un danger pour les institutions et l’ordre capitaliste, et parce qu'au nom de l’idéal républicain, il s’opposait au retour du Roi Léopold III qui avait préféré s’accommoder de l’occupation au lieu de partager le sort de ceux qui avaient choisi de résister.

Rappelons que c'est dans le contexte de la guerre froide que l'assassinat de Lahaut fut commis après celui du président du Parti Communiste Japonais Kuichi Tokuda et les attentats qui avaient visé le secrétaire du Parti communiste italien Palmiro Togliatti et son homologue français Jacques Duclos.

Au-delà des attentats visant les dirigeants communistes, à la même époque, en France durant les grandes grèves des mineurs et des dockers de 1947/48, comme en 1950 lors de l’affaire royale en Belgique, au total des milliers de militants ouvriers sont emprisonnés, des milliers d’autres sont licenciés, tandis que des dizaines sont abattus par les forces de l’ordre.

Visiblement, les faucons de la guerre froide paniquaient devant le prestige du mouvement communiste international, prestige acquis dans les combats de la résistance et par la contribution historique de Union Soviétique à la victoire sur le nazisme.

Aujourd’hui, même si les enjeux sont différents, les protagonistes de la droite et leurs pratiques sont toujours les mêmes. Le patronat continue d’influencer lourdement l’orientation de la politique générale du pays, cherchant à remettre en question le droit de grève avec sa politique répressive envers les organisations syndicales et cela, en connivence avec les instances judiciaires.

Le gouvernement ne fait que s’incliner devant les diktats du patronat pour aller encore plus loin dans l’exploitation des travailleurs. En ce sens, ce qui se passe dans la grande distribution est hautement significatif. Le plan de restructuration de Carrefour, le démantèlement généralisé chez Delhaize sont de véritables attaques contre les statuts et les droits des travailleurs au seul profit des dividendes des actionnaires. Une riposte énergique s'impose pour éviter que ces méthodes fassent jurisprudence et finissent par être d'application dans tous les secteurs.

Les partis politiques de la coalition gouvernementale se contentent de cautionner ces agissements. Au lieu de penser au bien commun et d’investir dans les besoins urgents des secteurs de la santé et de l’éducation, ils s’engagent dans une politique irresponsable de dépenses militaires faramineuses qui, sous prétexte d’aider l’Ukraine, ne font que servir les intérêts des marchands de canons américains. Ils ne font absolument rien pour favoriser une politique de rapports diplomatiques visant à obtenir un cessez le feu et des négociations entre les parties.

A ce propos, nous tenons à être clairs. Nous rappelons que dès le début du conflit nous avons condamné l’intervention militaire russe en Ukraine, mais sans oublier que la responsabilité principale, depuis les origines même du conflit est à rechercher dans la coalition qui regroupe, au sein de l'OTAN , les Etats Unis et l'Union européenne laquelle est devenue l'intermédiaire commerciale du business de l’armement, et l'activiste infatigable de l’aggravation du conflit.

Chers camarades,

S'il est urgent de dénoncer les fauteurs de guerres, il est impératif de lier la lutte pour la paix et la défense des travailleurs et d'en faire l'enjeu principal de la campagne électorale de 2024 à laquelle nous sommes disposés à participer unitairement avec nos camarades du PTB pour exiger notamment :

- le maintien des services publics en tant que patrimoine social non négociable ;

- une sécurité d’existence garantie par une sécurité sociale forte et non pas par la charité et les restos du cœur, aussi louables soient les efforts et la bonne volonté des concitoyens qui s’y investissent ;

- Nous exigeons aussi la paix par l’arrêt des guerres soi-disant humanitaires qui passe par la sortie et la dissolution de l’OTAN ;

- Et last not least, le refus de toute criminalisation des luttes sociales.

Vive l'exemple de Julien Lahaut et vive l'unité des communistes ! 

 Discours du 19 août 2023 : Texte élaboré par Vladimir Caller, Marc Denonville et Peter Maaswinkel et prononcé par ce dernier.

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ALERTE EVRAS ?

Apparemment l’EVRAS ou « Education à la vie Relationnelle, Affective et Sexuelle » suscite une opposition incompréhensible. Cette opposition nous interpelle d’autant plus qu’elle s’est exprimée par des tentatives d’incendier six écoles de Charleroi et Liège, des attentats signés par des tags hostiles à l’EVRAS. Nous ne pouvons éviter d’évoquer ces événements sans les rapprocher d’une extrême droite qui relève la tête partout, et qui s’est encore révélée par la distribution de tracts ouvertement nazis dans la ville universitaire de Louvain-la-Neuve. Nous pensons que, d’où qu’ils viennent, ceux qui incendient les écoles nous renvoient aux pages les plus sombres de notre histoire où les nazis ont brûlé des livres en répondant à des ordres donnés par des chefs comme Goering à qui fut attribué la phrase : « Quand j'entends le mot culture, je sors mon révolver ».

Les origines de l’EVRAS à nos jours

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Décès du Cde Marcel Bergen

Discours du Camarade Marc Denonville

Chers Camarades, chers amis

Mesdames et Messieurs

Au nom du Parti Communiste et de sa Fédération Liégeoise, il m'échoit de prononcer ces quelques mots à l'occasion du décès de notre camarade Marcel Bergen en tant qu'éminente personnalité de notre parti et du mouvement ouvrier organisé et en tant que défenseur inlassable de la classe ouvrière à laquelle il appartenait par ses origines familiales.

Marcel était issu d'une humble famille de mineur du bassin liégeois. Son père Jean Bergen était né avec le 20e siècle et sa mère était née Joséphine Sottiaux en 1899. Très jeunes, c'est dans la période difficile de la première guerre mondiale qu'ils commencent à travailler aux charbonnage des Kessales à Jemeppe sur Meuse où Jean travaillera au fond, et Joséphine en surface affectée au triage du charbon, un travail généralement réservé aux femmes. C'est ainsi que Jean et Joséphine vont se rencontrer et vont se marier en 1919. De cette union naîtront deux filles et quatre garçons. Dès le début des années vingt, la naissance de Marie l'aînée sera suivie de celle de Roger et de Louise.

Marcel naîtra en 1935 avant ses frères Robert et Danny, le cadet de la famille.

Les parents Bergen feront tout pour permettre à leurs fils d'avoir une profession autre que la mine. Malheureusement suite à la mésentente de leurs parents, les filles ainées devront subvenir aux besoins de la famille et aider leur mère dans les taches ménagères et l'éducation de leurs frères. C'est ainsi que Marcel ne tarissait pas d'éloges pour sa sœur Louise qu'il considérait comme une deuxième maman.

En 1940, comme leurs parents en 1914, les enfants Bergen vont connaître les affres de la guerre dont les privations et la faim. A titre anecdotique, Marcel m'a rapporté qu'il s'était associé à ses frères et sœurs pour reprocher à leur père de soigner un coq qu'il élevait pour son chant, au lieu de le sacrifier pour améliorer l'ordinaire des repas à une époque où la viande était une denrée rare.

Après la guerre, Marcel va assister à la reconstruction du pays associée à « la bataille du charbon » où le gouvernement belge va négocier avec l'Italie pour échanger du charbon contre une main d'œuvre italienne qui sera forcée de travailler dans les mines belges. Cette immigration viendra pallier le désintérêt de la population belge qui rechignait de plus en plus à travailler là où « il n'y avait pas de fenêtre » et qui n'écoutait pas une certaine publicité vantant le travail dans les mines et le statut des mineurs dont les femmes étaient présentées comme « femmes de seigneurs ». Au delà d'un lourd tribut qu'ils paieront au prix de leur vie ou de leur santé, Marcel sera témoin que les mineurs italiens comme d'autres étrangers ne furent pas toujours bien reçus.

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