Commémoration de l'assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht
Le Parti Communiste de Belgique organisait ce 19 janvier une commémoration pour le centenaire de l’assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Près de 60 personnes sont venues leur rendre hommage à Bruxelles. Notre parti-frère, le DKP nous a envoyé ses salutations pour l’organisation de cet événement (à retrouver après l’intervention du parti). Plusieurs délégations de partis ont également répondu présents et ont souhaité salué l’initiative du PCB : le KKE, le secours rouge, Halk Cephesi (Front populaire – Turquie), Matin Rouge (Maroc) et la régionale de Bruxelles du mouvement demain. La commémoration s’est clôturée par la lecture de plusieurs textes de Rosa Luxemburg, dont une lettre de prison qui exprime par une métaphore animale la condition des soldats et des ouvriers pendant la 1e guerre et un extrait d’un journal où elle explique que les mauvaises habitudes alimentaires du prolétariat méprisées par la bourgeoisie et la bien-pensance n’ont qu’une seule origine : le système capitaliste.
Intervention du PCB
Chères amies, chers amis, chères et chers camarades,
Le Parti Communiste de Belgique souhaite aujourd’hui rendre hommage à deux grands martyrs du socialisme et du mouvement communiste, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, assassinés le 15 janvier 1919, il y a 100 ans.
Si nous nous trouvons aujourd’hui sur l’allée Rosa Luxemburg au milieu de l’avenue de Stalingrad, nous ne pouvons oublier Karl Liebknecht. L’un et l’autre sont indissociables.
Rosa est née en 1871 dans une famille de commerçants juifs libéraux de Lublin, en Pologne russe. Journaliste et grande oratrice, elle a dédié sa vie à la cause révolutionnaire.
Dès 1915, avec Karl Liebknecht, elle fonde une tendance d’opposition de gauche à l’intérieur du SPD, le parti qui a voté les crédits de guerre en totale collaboration avec la bourgeoisie nationale comme ici, le POB et Vandervelde. Ce mouvement, c’est la ligue spartakiste, en référence au célèbre esclave rebelle et insoumis de l’Antiquité, Spartacus.
Cette opposition à l’impérialisme et aux guerres bourgeoises défendue par Rosa, elle était partagée par de nombreux soldats, marins et paysans allemands qui ne voulaient plus de cette guerre qui n’était pas la leur. Elle s’est manifestée dans les nombreux conseils ouvriers qui se sont créés sur le front, à Liège et ici-même à Bruxelles mais aussi et surtout à l’intérieur de l’Allemagne, notamment à Kiel.
Kiel, la ville d’où est partie la révolte en novembre 1918 qui provoqua la fin du 2e Reich et poussa le Kaiser à abdiquer. Rosa Luxemburg, elle, sillonnait l’Allemagne pour mobiliser les travailleurs, haranguant perchée sur un tabouret.
C’est au milieu d’une grève générale, le 9 novembre 1918 que le parti social-démocrate SPD a de nouveau illustré sa collaboration de classe avec la bourgeoisie en proclamant la république d’Allemagne tandis que de leur côté au même moment, Liebknecht et les spartakistes proclamait la république socialiste libre d’Allemagne. C’est là la véritable raison de la fin de la première guerre mondiale : la peur de la bourgeoisie de voir se répandre la Révolution.
C’est dans cet esprit que la social-démocratie, autour du gouvernement d’Ebert et du ministre de la guerre, Gustav Noske, a une nouvelle fois trahi les espoirs de la classe ouvrière en rétablissant violemment l’ordre bourgeois à la veille des élections qui donneront naissance à la République de Weimar.
Le SPD a ainsi organisé la répression et laissé faire les corps francs, ces militaires démobilisés après la Première guerre mondiale, qui tuèrent Luxemburg et Liebknecht et jetèrent leur corps dans un canal de Berlin.
Cette répression sanglante signa la rupture définitive entre socio-démocrates et communistes. Elle s’officialisa par la création quelques semaines plus tard, le 2 mars 1919, de la 3e Internationale communiste. Le Komintern dont on célèbrera le centenaire cette année, fut rejoint en 1920 par le courant majoritaire de la SFIO devenu PCF au Congrès de Tours. En Belgique, c’est en 1921 que fut créé le Parti Communiste de Belgique. Nos trois partis partagèrent dès 1923 une lutte commune, première grande action internationale du PCB, contre l’occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges.
Cent ans après l’assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, nous saluons leurs héritiers partout dans le monde. Nous saluons la grande manifestation de 15.000 personnes samedi dernier à Berlin, organisée par nos camarades du DKP qui poursuivent le combat contre l’impérialisme dans la lignée du KPD que Karl et Rosa avaient fondé le 30 décembre 1918.
Faut-il rappeler que le nom du parti de Karl et Rosa est toujours interdit dans la démocratie bourgeoise qu’est l’Allemagne et ce depuis 1956, par anticommunisme, comme il avait déjà connu une interdiction en 1936 par les nazis.
Aujourd’hui, cet anticommunisme est toujours vivant comme l’illustrent des tentatives des libéraux belges d’enseigner la peur du rouge, car nous sommes les seuls à vraiment vouloir renverser ce système de l’exploitation de l’homme par l’homme, le capitalisme. Nous sommes les seuls à lutter réellement pour les droits des travailleurs, pour le socialisme, contre les monopoles, le militarisme et les crédits de guerre qu’avaient rejeté Rosa et Karl.
Les communistes feront toujours partie de ceux qui se battent pour la sortie de l’OTAN, cette organisation criminelle, pour le retrait des soldats belges des aventures militaires à l’étranger, d’Afghanistan, du Mali et des Pays Baltes.
Nous savons par contre qu’hier comme aujourd’hui, les travailleurs ne pourront jamais faire confiance à la social-démocratie qui se présente comme leur défenderesse : elle a trahi et trahira encore. Elle sera toujours le rempart de l’ordre bourgeois.
Et quand celui-ci est menacé, il fera toujours appel à la peste brune fasciste. Le fascisme, ce n’est que l’autre face de la bourgeoisie. Nous sommes désormais à la veille des élections régionales, fédérales et européennes, et la propagande tentera de nous faire croire qu’il n’y a pas d’autre choix (TINA) que la défense de la démocratie bourgeoisie avec tous ses reculs sociaux face aux populismes.
Pour nous, il est clair que la question ne se pose pas entre ces deux termes.
Camarades, il n’y a qu’une seule conclusion qui doit s’imposer à la classe ouvrière : socialisme ou barbarie !
Message de salutations du DKP (Allemand et français)