SUIVRE L’EXEMPLE SUISSE ?
Les patrons de la société Lockheed Martin doivent être un peu inquiets. Ils étaient sûrs que les animateurs du collectif suisse « Stop F-35 » n’allaient jamais avoir les cent mille signatures indispensables pour qu’une demande de référendum puisse être adoptée. Patatras, « Stop F-35 » vient de dépasser largement ce chiffre et tout indique que l’achat des trente-six F-35 par ce pays va devoir encore être soumis au débat en mars prochain.
Hélas chez nous, la décision d’achat de ces engins de guerre est déjà consommée. L’opposition permanente du PTB et quelques courageuses contestations, comme celle du sénateur Georges Dallemagne, n’ont pas pu l’empêcher. L’atmosphère belliqueuse en cours n’augure pas de perspectives réelles de marche arrière. On comprend alors que la ministre de la défense (PS) Ludivine Dedonder, n’ayant pas la même inquiétude que les patrons de la Lockheed, ait déclaré : « Je n'ai pas l'intention de rouvrir le dossier ». Pourtant de graves questions se posent : le prix d’achat initial s’envole lourdement et la fiabilité technique des engins est gravement questionnée par les propres services de contrôle de l’armée étasunienne.
Il ne manque pas de raisons pour organiser la résistance face aux promoteurs de guerre si actifs et imaginatifs. Ainsi, l’Union Européenne, non contente de violer ses propres normes qui interdisent l’envoi d’armes « à tout pays en situation de guerre », vient d’élargir le champ de son activisme militariste en lançant une « Mission de conseil et d’entraînement militaire de l’UE en Ukraine ». C’est-à-dire que cette institution à vocation ‘pacifique’ ne se satisfait pas de jeter de l’huile sur le feu en envoyant des armes, elle veut maintenant enseigner comment mieux attiser ce feu.
De son côté Jo Biden, pour remercier l’industrie de l’armement qui avait financé sa campagne électorale, ajoute 3 milliards de dollars au programme d’achat d’armes ukrainien arrivant ainsi à presque 50 milliards depuis le début de la guerre. Geste d'autant plus irresponsable qu’il n’existe aucun contrôle sérieux sur la destination réelle de ces armes. Récemment CBS, un des réseaux les plus importants de radio/TV aux Etats-Unis, devait présenter les résultats d’une enquête sur le sujet qui montraient que seulement 40 % d’entre elles arrivaient au destinataire prévu. Après quelques minutes de présentation, le reportage fut supprimé à la demande du ministre de l’intérieur ukrainien.(1) En attendant, 60 % de ces armes courent toujours…
Vladimir Caller, le 9 octobre 2022