Contribution du Parti Communiste de Belgique à la 20e rencontre internationale des Partis Communistes et Ouvriers

La rencontre internationale annuelle des Partis Communistes et Ouvriers se déroulait durant 3 jours les 23-24 et 25 Novembre à Athènes. Elle fut suivie des célébrations du centenaire de nos hôtes, le Parti Communiste de Grèce, le KKE. Pour cette 20e réunion, le thème des discussions était "La classe ouvrière contemporaine et ses alliances. La tâche de son avant-garde politique - les Partis Communistes et Ouvriers - dans la lutte contre l'exploitation et les guerres impérialistes, pour les droits des travailleurs et des peuples, pour la paix, pour le socialisme." 91 partis de 73 pays étaient présents à cette rencontre.

"Chers et chères camarades,

Nous voulons premièrement remercier nos hôtes, le Parti Communiste de Grèce, pour son accueil fraternel. Nous lui transmettons nos félicitations pour ses cent ans de luttes pour l’émancipation de la classe ouvrière et le socialisme.

Camarades, la situation sociale en Belgique, à l’instar des autres pays européens, est catastrophique. Nous sommes actuellement confrontés au gouvernement le plus réactionnaire depuis 1945. Les agressions qu’il mène contre les droits des travailleurs dont le gel des salaires, la baisse des pensions, tout étant toujours plus généreux sur le plan fiscal avec les multinationales, s’inscrit dans les politiques impérialistes nationales coordonnées par la Commission Européenne. Comme partout la social-démocratie capitule devant les diktats de la Troïka en exerçant une influence négative démobilisant les syndicats et les travailleurs. L'imposition d'une personnalité juridique menace l'existence des syndicats, et l’introduction d’un « service minimum » remet fondamentalement en cause le droit de grève. Nous allons clairement à l'échelle mondiale à une confrontation ouverte et la bourgeoisie tente de criminaliser les mouvements sociaux. Nous rejetons les combats judiciaires dans lesquels veut nous entraîner la bourgeoisie car la justice est de classe.

 

Les attaques que nous subissons de manière progressive s’apparentent à celles vécues par la classe ouvrière du sud de l’Europe. La régression est évidente : 16% de la population vit actuellement sous le seuil de pauvreté et autant vit juste au-dessus de ce seuil (état de déprivation). Cette situation concerne surtout les jeunes, les personnes âgées ou les familles monoparentales. La pauvreté est visible via les restos du cœur dont la fréquentation mène souvent au statut de sans-abri. Même les gens qui travaillent ont de plus en plus de difficultés pour payer leur loyer, se soigner, se nourrir ou vivre décemment. Les mesures programmées pour les futures pensions ne feront qu'accélérer la précarité. Devant cette situation, le pouvoir légitime l’exclusion sociale par une criminalisation de la pauvreté associée à un appel à la dénonciation des abus sociaux qui frise l'inquisition. Pendant ce temps le nombre de millionnaires en dollars est passé de 60 à près de 120000 en dix ans, 220 milliards d'euros ont été placés à l'étranger en 2017, la vente de produits de luxe ne s'est jamais aussi bien portée et les entreprises cotées en bourse (Bel20) paient de moins en moins d'impôts. Notre volonté est plus ferme que jamais de mettre fin aux dividendes qui privent les travailleurs du fruit de leur travail et l’abolition du capitalisme et la création d’une société socialiste restent plus que jamais notre objectif.

Alors que les libéraux et l’extrême-droite nationaliste flamande sont au pouvoir au fédéral, les alliances résultant des élections communales récentes confirment l'orientation droitière de la social-démocratie (PS-Spa). Quant aux écologistes, opportunistes, qui se disent « ni de gauche-ni de droite » sont clairement des libéraux verts. L’extrême-droite, qui reste majoritaire en Flandre, ne peut être combattue qu’en luttant pour le socialisme et la politique de conciliation de classes porte en elle les germes du fascisme. Notre Parti a ainsi porté un programme révolutionnaire et a présenté des candidats dans certaines régions sur les listes du Parti du Travail de Belgique. Si ce dernier a nettement progressé, sa stratégie électorale le pousse à éluder certains sujets.

En ce qui concerne les alliances extérieures, nous entretenons des contacts réguliers avec nos partis frères du monde entier et en particulier les partis frontaliers (France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas) et les camarades immigrés organisés en Belgique.

Même si nous constatons une certaine inertie de leur part sur le terrain des luttes, nous estimons nécessaire d'entretenir des relations avec les syndicats même réformistes dont la CGSLB liée aux libéraux, la CSC liée aux partis chrétiens et la FGTB plutôt liée au Parti Socialiste. Comme elle reconnait la lutte de classe dans ses statuts nous privilégions nos relations avec la FGTB avec qui nous partageons des objectifs communs. Nous entretenons des contacts avec des cadres, des militants actifs, dans certaines structures telles que le Comité exécutif, les comités des chômeurs, des pensionnés où nous poussons à la lutte. Nous considérons que les syndicats sont indispensables pour organiser les masses, orienter positivement les luttes et combattre le gauchisme. Nous défendons des syndicats de la classe ouvrière mais nous ne sommes pas à la remorque d'un syndicalisme de conciliation de classe et socio-démocrate. Nous entretenons également des relations avec le mouvement associatif dont le « RWLP » (lutte contre la pauvreté), « Tout autre chose », « Acteurs des temps présents », « D19-20 ».

Notre rôle en tant que PC est d'appuyer les luttes, de les guider en faisant comprendre que les revendications ne seront véritablement atteintes qu'en luttant pour le socialisme. Nous considérons que l'affaiblissement du mouvement ouvrier en Belgique est lié à la faiblesse du Parti Communiste qui n’arrive plus à peser et qui est due à plus de 40 ans d'une dérive réformiste. Notre priorité est de le reconstruire, de recruter, pour le renforcer. En 2012 notre Parti était moribond et nous avons empêché les liquidateurs de nous transformer en « mouvement ». Pour maintenir notre rôle, nous devons toujours nous battre contre le réformisme dans notre organisation. Nous faisons également notre autocritique sur notre passage pendant plusieurs années à l'eurocommunisme. Depuis la 1e session de notre Xe congrès le 30 juin 2018, nous avons pris des orientations pour travailler à l'unité de tous les travailleurs en Belgique en reprenant notre nom historique de Parti Communiste de Belgique, en maintenant notre symbole de l’unité de tous les travailleurs, la faucille et le marteau, et en quittant le Parti de la Gauche Européenne, abandonnant la vision la vision de l'Europe des régions. Nous élaborons actuellement un texte politique qui sera adopté par la 2e session du Congrès au printemps prochain. Nous voulons revenir aux fondamentaux du communisme. Parmi les priorités un groupe d’étude sera constitué pour consolider la formation idéologique de nos affiliés.

Enfin, camarades, une semaine après les célébrations bourgeoises de l’Armistice de la première guerre mondiale, nous défendons une autre vision de la paix, indissociable du socialisme. Cela passe par la sortie de l’OTAN et le refus d’une Europe de la Défense qui exportera guerre et misère. Notre parti soutient activement toutes les actions contre l’achat de nouveau matériel de guerre et la base américaine de Kleine Brogel qui entrepose un arsenal nucléaire dans la région. Nous devons cependant constater que le mouvement pour la paix s’est essoufflé ces dernières années et nous voulons le relancer.

Nous espérons que cette rencontre permettra le plus de convergences possibles.

À bas l'impérialisme, vive le socialisme, vive l'internationalisme prolétarien.

Merci pour votre attention."

 

Vous pouvez retrouver les contributions des autres délégations sur http://www.solidnet.org/meetings-and-statements/imcwp/20th-international-meeting-of-communist-and-workers-parties/

 

 

 

 

 

 

 

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