Pour Pierre Laurent, les conditions ne sont pas réunies pour que les communistes participent au gouvernement

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a estimé lundi devant le Conseil national du Parti réuni à huis clos, que les conditions n'étaient aujourd'hui "pas réunies" pour que des communistes entrent au gouvernement. La décision finale a été soumise au votre mercredi.

Un projet de bulletin de vote, proposé par le comité exécutif du PCF qui a été soumis aux militants lundi et mardi dans toutes les fédérations indique "qu'aujourd'hui, en dépit de nos appels répétés à la prise en compte de nos propositions, nous estimons que les conditions de notre participation au gouvernement Ayrault ne sont pas réunies". Une décision finale a été prise mercredi par les 500 délégués PCF lors d'une conférence nationale. Pourtant, des responsables communistes ont expliqué que le parti se considérait dans la majorité de gauche et que ses membres ne seraient pas "des empêcheurs de tourner en rond".


"Nous avons maintes réaffirmé que la prise en compte de nos propositions était évidemment un critère essentiel. Ces appels sont restés lettre morte, le Président répétant à de nombreuses reprises que la seule boussole gouvernementale serait son programme de premier tour", a expliqué Pierre Laurent devant le Conseil national. "Or, nous ne nous reconnaissons pas dans une conception présidentialiste du gouvernement qui réduirait sa feuille de route au programme de premier tour du président", et ce, alors que François Hollande a été élu "grâce notamment aux 4 millions de voix du Front de gauche". De toute façon dit-il : "La volonté du PS de disposer de la majorité absolue pour se passer de la confrontation d'idées et de solutions à gauche, notamment avec le Front de gauche, n'est pas non plus un très bon signe." La porte n'est pas définitivement fermée, puique Pierre Laurent a précisé, "nous restons disponibles si ces conditions évoluaient."


Injustice du scrutin


Une manière pour Pierre Laurent de dénoncer une injustice, l’absence de place faite à la deuxième formation de gauche, dans la lignée des élections législatives : "Force est de constater, cependant, que le mode de scrutin et l'inversion du calendrier électoral dénaturent la portée des élections législatives et déforment le paysage de l'Assemblée nationale au profit du bipartisme. A gauche, la majorité législative est ainsi distordue par rapport à la réalité de la majorité politique de gauche dans le pays. Le PS totalise 65% des voix de la gauche à l'élection présidentielle, près de 70% avec ses alliés aux législatives et obtient  plus de 90% des députés de gauche. Le Front de gauche totalise 25% des voix de gauche à la présidentielle, 15% aux législatives et compte moins de 5% des députés de gauche. C'est une anomalie provoquée par une logique institutionnelle implacable qui, de scrutins en scrutins, a permis aux deux plus grosses formations de monopoliser aujourd'hui 90% des sièges à l'Assemblée nationale."


"Malgré cette injustice criante nous aurons un groupe à l'Assemblée nationale, confirmant notre place parmi les rares formations politiques qui en disposent dans les deux assemblées parlementaires. Avec notre influence dans le pays, et nos deux groupes, nous sommes une force incontournable à gauche !"

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