Moins de “Merkozy”, plus d'Europe sociale et démocratique!

Résolution du Conseil des présidents du Parti de la Gauche Européenne pour affronter la crise économique et financière européenne

 

Le sommet européen des 8 et 9 décembre 2011 marque un tournant gravissime pour l'avenir de l'Europe. En s'accordant sur la sanctuarisation de l'indépendance de la Banque centrale européenne et du pacte de stabilité, en imposant une discipline budgétaire aux pays européens par des sanctions automatiques, l'inscription dans les lois fondamentales de la “règle d'or” et en créant un droit d'intrusion dans les budgets nationaux pour les institutions européennes, les chefs d'Etats et dirigeants européens font basculer les peuples dans l'Europe du chaos.

Si la construction européenne actuelle a conduit à la crise, celle de demain sera encore plus soumise aux marchés et néfaste pour les peuples. Ils viennent de signer l'austérité à vie et  priver les peuples de leurs souverainetés budgétaires. Ils ont ainsi signé l'arrêt de mort de la croissance, du progrès social, de la démocratie. Cela menace à terme l'existence même de l'Union. Que se passera-t-il lorsque les pays les plus puissants dicteront aux autres les réformes à suivre? Nous allons à coup sûr vers une montée des tensions intra-européennes, avec les réflexes nationalistes et chauvins qu'elles entraînent. L'histoire européenne a déjà prouvé à quelle crise de civilisation cela pouvait conduire. 

 

Réunis pour une rencontre extraordinaire, les présidents des partis membres du PGE déclarent solennellement qu'une sortie de crise est possible, à condition de rompre avec ces politiques néolibérales – portées par la droite et acceptées par les sociaux-démocrates – et de ne pas céder aux sirènes xénophobes des populistes.

 

Une autre voix existe, celle du PGE, des syndicats, des associations, du mouvement social et de tous ceux pour qui les solutions à la crise ne sont pas l'austérité, le sauvetage sans fin des banques, des marchés financiers et des gros détenteurs de capital mais la défense de la démocratie, du développement social et écologique, des droits sociaux et de l'Etat providence en Europe. Notre formule anti-crise est: moins de doctrine Merkozy, plus d'Europe sociale et démocratique!

 

Il devient urgent d'ouvrir une alternative pour surmonter la crise ensemble. Les propositions que nous mettons en débat sont:

 

1/ Le détachement des finances publiques des marchés financiers. Nous voulons que la banque centrale européenne soit contrôlée démocratiquement et ait un rôle actif dans la lutte contre la spéculation avec des “obligations souveraines”, la fondation d'un fonds ou d'une banque européenne pour le développement social, écologique et solidaire. Une proposition de loi commune a déjà été déposée par les parlementaires du Front de gauche à l'Assemblée nationale en France et de Die Linke au Bundestag en Allemagne.

 

2/ La réorganisation du secteur bancaire et la réduction du pouvoir des marchés financiers. Nous voulons que le secteur bancaire privé tombe sous la responsabilité et le contrôle publics. Les transactions spéculatives doivent être contenues par des moyens directs et indirects. Nous voulons la création de pôles publics du crédit pour orienter les financements vers l'emploi, les services publics et la transition écologique.

 

3/ Des solutions au problème des dettes souveraines: Pourquoi les peuples devraient-ils payer la crise des banques et de la finance? Nous voulons l'arrêt immédiat des politiques d'austérité. Nous nous prononçons pour l'adoption partout en Europe de régulations nationales qui éliminent toutes les réductions de salaires, pensions et mesures sociales et qui les remplacent par de fortes augmentations de la taxation des grands détenteurs de capitaux et des millionnaires. Puisque tous les pays européens sont menacés, le PGE propose une conférence européenne sur la dette qui discuterait le rachat direct des dettes des pays les plus en difficulté par la BCE, l'annulation d'une grande partie des dettes publiques en fonction des conclusions d'audits citoyens. Nous recommandons des dispositions spéciales pour protéger les fonds de sécurité sociale et une baisse radicale des dépenses militaires – ce qui est aussi une condition de la paix et de la solidarité -, l'abolition des agences de notation et un grand plan d'investissements publics.

 

4/ Faire l'Europe sociale: nous voulons que l'Europe devienne protectrice pour les peuples. Pour cela, des standards minimum assurant une vie digne doivent être introduits pour le temps de travail, les salaires, pensions, sécurité sociale et taxation des revenus.

 

5/ Faire une Europe équilibrée: le point central d'ajustement pour cela est le démantèlement des déséquilibres économiques qui créent des inégalités dans les balances commerciales. Une coordination des politiques économiques, financières et des salaires ayant pour but d'éliminer le chômage et créer des équilibres commerciaux à moyen terme est nécessaire. Cela implique  un développement industriel dans tous les pays. Le budget européen doit être orienté prioritairement vers la réduction de ces déséquilibres.

 

5/ Non à l'autoritarisme de l'UE – démocratie réelle en Europe: Le PGE continue son combat pour l'établissement et la protection de la démocratie, la responsabilité, la transparence et la participation citoyenne. Nous sommes fermement opposés à toute restriction unilatérale des pouvoirs des parlements nationaux pour obtenir une légitimité à travers des accords européens. Nous plaidons pour le renforcement des droits du parlement européen. Nous exigeons que tout changement fondamental des bases légales (traités) de l'UE, fasse l'objet d'une légitimation par référendum partout où les lois fondamentales le permettent.

           

Après les résultats positifs de la gauche danoise et espagnole, il est maintenant temps, pour les forces de la gauche européenne d'intensifier leur travail dans les mouvements de résistance. Dans ce cadre, le Conseil des présidents propose à tous les partis membres et observateurs d'intensifier leurs efforts pour le renforcement de la communication, des actions communes et de la solidarité entre les forces de gauche et les travailleurs de nos pays. Le PGE prendra des initiatives pour qu'un dialogue s'instaure entre toutes les forces politiques, syndicales, démocratiques qui cherchent des solutions pour une sortie de crise. L'exigence d'une autre Europe, démocratique et sociale, doit devenir un slogan commun scandé dans toutes les langues de notre continent.

 

Conseil des présidents du Parti de la gauche européenne

Bruxelles, le 12 décembre 2011

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