Un moment crucial pour l'Europe

Des responsabilités cruciales pour la gauche européenne

Sommet de l'UE: un dosage différent mais la même recette empoisonnée

Les chefs d’État de nos pays reviennent du sommet européen en déclarant bien fort qu'ils ont arraché des victoires pour leurs peuples, des inflexions de la part de la Chancelière Merkel, de Mario Draghi ou de Jean-Claude Junker. Ils auraient, pour la 19ème fois depuis le début de la crise, «sauvé l'Europe». François Hollande déclare même que l'Europe est « réorientée » dans le bon sens. C'est de la publicité mensongère.

Cet optimisme de la majorité néolibérale de l'UE se fonde principalement sur la décision de la recapitalisation directe des banques privées par des mécanismes européens, sans que cela ne conduise, en apparence, à une augmentation des dettes publiques des États membres.

En réalité, cette mesure ne remet pas en cause la domination des marchés et n'est pas capable d'arrêter cette crise financière sans précédent.

Les banques privées continueront à être refinancées et «sauvées» sans aucun contrôle public et démocratique.

Cette décision, qui a été prise après la pression exercée par les gouvernements italien et espagnol, n'a pas du tout inclus la Grèce, l'Etat membre qui est confronté aux plus extrêmes problèmes fiscaux et sociaux. Au contraire, la Grèce est laissée de côté, même si la nouvelle coalition de gouvernement tripartite est un fidèle serviteur des politiques de Mémorandum et de super-austérité. Cette exemption de la Grèce des dispositions budgétaires décidées par le Conseil européen porte atteinte à l'égalité dans la zone euro.

Le Pacte budgétaire «Merkozy» de l'UE est toujours intact, malgré les déclarations de François Hollande, et ne laisse pas de place pour des politiques alternatives. Le leadership de l'UE a clairement indiqué que les pays «sauvés» par ce mécanisme de soutien, auront l'obligation d'appliquer l'austérité à travers d'autres coupes budgétaires et les attaques sur les droits des travailleurs. Au final, les citoyens européens seront de nouveau appelés à payer le prix de la socialisation massive des pertes et perdent également leur souveraineté et leurs droits démocratiques.

La cause réelle de toute cette situation découle du caractère de classe des traités européens (à partir de Maastricht). Les règles du dernier traité UE n'échappent pas au dogme néolibéral et met l'accent sur la «compétitivité» comme le principe essentiel. Nous rejetons ces traités, parce que nous sommes en faveur de la démocratisation de toutes les institutions européennes et le droit du Parlement européen et les parlements nationaux d'avoir le dernier mot dans toute situation critique.

Le Parti de la gauche européenne réaffirme que seules la soumission du secteur bancaire à un contrôle social et démocratique, et la transformation radicale de l'architecture néo-libérale de la zone euro et de l'UE, peuvent permettre une réelle sortie de crise.

Tous les outils à disposition - le budget de l'UE, les institutions financières, le système bancaire – et les nouvelles institutions nécessaires, doivent être contrôlés démocratiquement et orientés vers une nouvelle forme de croissance basée sur le développement social, la solidarité, l'emploi, et la transition écologique.

Dans tous les cas, il doit y avoir des solutions durables et européennes à la crise de la dette publique. Celles-ci doivent inclure:

- Le changement radical du rôle de la BCE et sa transformation en une véritable banque centrale, prêteur en dernier ressort par l'achat d'obligations d'État, de manière à bloquer le jeu spéculatif sur les obligations des Etats membres les plus vulnérables.

- La régulation politique du secteur financier européen, avec six outils de politique de base:

a) La création d'une banque publique européenne axée sur le développement social, écologique et de solidarité, qui permettra de financer les investissements publics dans la recherche et le développement, les services publics, les infrastructures et la transition écologique. Ce fonds sera financé par la «taxe Tobin», le budget européen et surtout par le pouvoir de création monétaire de la BCE.

b) L'introduction d'une «taxe Tobin» sur les flux de capitaux à un niveau européen, de façon à décourager leur comportement spéculatif.

c) La circulation d'euro-obligations par la Banque centrale européenne ou une autre institution sans contrepartie en termes de restrictions budgétaires au niveau national. Ces contreparties ne font que reproduire le problème de l'endettement que les Eurobonds sont censés résoudre.

d) Une distinction législative claire entre les banques commerciales et d'investissement en Europe.

e) La création d'une agence de notation publique européenne.

f) La suppression des paradis fiscaux qui existent à l'intérieur et l'extérieur de l'Europe.

Le problème du surendettement des Etats-membres, comme c'est le cas en Grèce, doit être immédiatement abordé, par le biais d'un moratoire européen pour le gel temporaire des remboursements de prêts (accompagné de réelles mesures pour la croissance comme l'investissement public, les augmentations de salaires...etc) et l'organisation d'une Convention européenne sur la crise de la dette, qui déciderait de la suppression d'une partie importante des dettes institutionnelles et transnationales, de manière à ramener la dette publique (par rapport au PIB) à des niveaux viables.

Évolutions dans le paysage politique et responsabilités de la Gauche Européenne

Les décisions du Sommet de l'Union européenne indiquent clairement que la campagne des néo-libéraux pour une réduction encore plus extrême de la souveraineté populaire et démocratique dans prise de décision s’accélère. Mme Merkel utilise le slogan de «l'union politique» afin d'assurer un contrôle sur les budgets nationaux et concentrer le pouvoir financier, économique et politique dans les mains du gouvernement allemand et des cercles dominants de l'UE. Le leadership de l'UE est prêt à sacrifier une fois pour toutes le projet d'une véritable union politique et sociale européenne, afin de servir les intérêts de ses principales forces et les marchés.

Plusieurs pays européens sont confrontés à des pouvoirs autoritaires et anti-démocratiques. Preuve en sont la légitimation institutionnelle et l'élargissement de la présence de technocrates non élus et non contrôlés à des positions clés ministérielles en Grèce, en Italie, au Portugal, en Espagne.


Malgré cette situation très préoccupante, il y a de l'espoir à gauche.

Les élections grecques du 6 mai et du 17 Juin ont été deux moments d'une importance historique pour toutes les sociétés européennes. Le fait que SYRIZA / FSU n'a pas réussi à former un gouvernement de gauche en Grèce, ne peut pas occulter le résultat sans précédent de la Gauche radicale, qui a atteint 27% et est devenu le principal parti d'opposition dans un pays qui a été la ligne de front à la fois de l'autoritarisme néolibéral et de la résistance populaire ces deux dernières années. Ce résultat a mis à jour la présence et la résonance des idées de gauche et de propositions alternatives, non seulement en Grèce, mais à l'échelle européenne et mondiale.

De plus en plus de citoyens européens se rendent compte aujourd'hui qu'«Il y a une alternative" et que cette alternative est exprimée par les forces de la gauche européenne. Les résultats de Syriza en Grèce, Izquierda Unida en Espagne, le Front de gauche en France, démontrent une augmentation significative de l'influence des forces de gauche et progressistes. Cette augmentation n'est pas sortie de nulle part. Elle est le résultat d'une lutte permanente contre les programmes d'austérité et l'autoritarisme néolibéral. Elle est le résultat d'un lien dialectique entre la présence de la gauche dans les luttes sociales et les mouvements, et la transformation des aspirations de la grande majorité de nos sociétés en alternatives politiques concrètes qui combinent des propositions d'urgence avec des objectifs plus stratégiques, et de l'espoir pour nos peuples.

Dans la prochaine période, le PGE est déterminé à maximiser ses efforts et initiatives pour une convergence encore plus large des acteurs sociaux et politiques dans nos pays et en Europe pour la sortie des politiques d'austérité, la promotion de propositions socialement durable et la restauration de la dignité des victimes de la crise.

En ce sens, nous demandons instamment à tous nos députés nationaux et européens, aux syndicalistes, militants jeunes et féministes à intensifier les contacts et les initiatives communes, afin d'empêcher la ratification du Pacte budgétaire européen et l'élaboration de programmes d'austérité et memorandums. Nous devons arrêter la destruction de nos sociétés et lutter pour la protection de la démocratie et la participation des citoyens.

Le PGE, avec des partenaires sociaux et syndicaux, vient de lancer une initiative citoyenne européenne. A partir de septembre, nous allons recueillir 1 million de signatures dans toute l'Europe, pour la création d'une banque publique européenne de développement social, écologique et solidaire. C'est un gros challenge, mais il est à la hauteur du travail à fournir pour sortir de la crise par une croissance saine et l'implication citoyenne dans les choix d'orientation majeurs dans l'UE.

Il est maintenant temps pour la gauche européenne d'émerger comme la principale alternative sociale, politique et culturel en Europe. Soit nous réussirons cette mission historique à travers l'unité et la solidarité, soit les classes populaires de nos pays et de notre continent seront soumises aux projets réactionnaires et au désespoir. Nous n'avons pas le droit à l'échec.

Athènes, 14-15 Juillet 2012n - Le Parti de la Gauche Européenne

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