Lettre du président Tsipras à Barroso
Chers Camarades,
Nous vous envoyons la traduction officielle en anglais de la lettre qu'Alexis Tsipras a envoyé hier (10 mai 2012) au Président de la Commission européenne, M Barroso.
Cette lettre a aussi été envoyée au Président du Parlement européen, M Martin Schulz, ainsi qu'au Président du Conseil européen, M Herman Van Rompuy.
Yannis Bournous
CPC Synaspismos
Porte-parole du département de Politique européenne
A M. José Manuel BARROSO
Président de la Commission européenne
Athènes, jeudi, 10 mai 2012
Monsieur le Président,
Je vous envoie cette lettre, qui suit le retour du mandat exploratoire que le président de la République de Grèce m'a donné, de façon que je puisse évaluer la possibilité de former un gouvernement qui jouirait de la confiance du Parlement, en accord avec notre Constitution. Cette lettre suit celle du 21 février.
Le vote du peuple grec du dimanche 6 mai délégitimise politiquement le MoU/MEFP (Memorandum of Understanding/Memorandum of Economic and Financial Policies) qui a été cosigné par le précédent gouvernement de Loukas Papademos et les leaders des deux partis politiques qui ont appuyé la majorité parlementaire gouvernementale. Ces deux partis ont enregistré une perte approximative de 3.5 millions de vote, perdant 33,5% du total des votes.
Veuillez noter que, auparavant, le MoU/MEFP avait déjà été délégitimisé en termes d'efficacité économique. Mais la question n'est pas uniquement l'échec du MoU/MEFP sur ses propres objectifs. Il a aussi échoué à faire face à la fois au déséquilibre structurel de l'économie grecque et aux inégalités sociales aiguës. SYRIZA a mis en évidence pendant les dernières années ces défauts endogènes. Nos propositions pour des réformes concrètes ont été ignorées par tous les gouvernements avec lesquels l'Union européenne a coopéré étroitement.
Veuillez noter que, en raison des politiques du MoU/MEFP, la Grèce est leur seul pays européen en temps de paix a avoir été pendant cinq années consécutives en profonde récession jusqu'en 2012. De plus, le PSI a échoué à assurer de manière crédible le soutien à long terme de la dette publique croissante de la Grèce comme pourcentage de son GDP. L'austérité ne peut être le remède à la récession. Un renversement immédiat et socialement juste de la tendance baissière de notre économie de notre économie est, donc, impératif.
Nous demandons de manière urgente d'assurer la stabilité économique et sociale dans notre pays. À cette fin, nous avons besoin d'entamer toutes les initiatives politiques pour inverser austérité et récession. Parce que, indépendamment du manque de légitimité démocratique, l'application de ce programme «de dévaluation interne» conduit notre économie dans une voie catastrophique et annihile tous les prérequis d'une guérison. La dévaluation interne a conduit à une crise humanitaire.
Dès lors, nous devons réexaminer l'ensemble du cadre de référence de la stratégie actuelle si la menace contre la stabilité sociale et la cohésion en Grèce, et la stabilité de toute l'eurozone, ne doivent pas être menacées.
Dès lors, pour ne pas mettre en danger la stabilité et la cohésion sociale en Grèce ainsi que toute la stabilité de l'eurozone, nous devons réexaminer l'ensemble du cadre de référence de la stratégie actuelle.
L'avenir commun des peuples européens est menacé par ces choix catastrophiques. Nous croyons profondément que cette crise est européenne et dès lors la solution réside au niveau européen.
Sincères salutations,
Alexis Tsipras
Président du groupe parlementaire de la Coalition de la Gauche radicale
Vice-Président du Parti de la Gauche européenne