Déclaration de Alexis Tsipras
Déclaration du président du groupe parlementaire grec Syrisa, Alexis Tsipras, après avoir reçu le mandat du Président de la République.
Le verdict populaire du 6 mai ne peut être interprété de multiples façons. La grande majorité des citoyens a voté contre la politique barbare des mémorandums.
3.300.000 citoyens ont abandonné les deux partis du memorandum et mis fin aux plans pour l'élaboration de 79 mesures en juin, les plans pour 150.000 pertes d'emploi dans le secteur public et des mesures supplémentaires de 11 milliards d'euros, qui étaient supposées être élaborées, à partir du mois prochain.
Malgré tout ceci, certains insistent en essayant d'interpréter le résultat en accord pour leur propre bénéfice. Ils parlent d'un vote sentimental, un vote de colère. Ils ont tort. C'est un choix politique mûr et conscient.
Le peuple grec a décidé: ni 151 sièges, ni 51% pour les partis qui soutiennent les memorandums.
C'était un de nos but électoraux de base, qui a été réalisé.
Les partis du mémorandum n'ont plus de majorité au Parlement, pour voter des mesures barbares contre le peuple grec. C'est un aboutissement très important, une très importante victoire pour notre société.
D'autre part, seuls quelques milliers de votes et une loi électorale antidémocratique privent la gauche et les forces progressistes de la possibilité d'avoir le mandat majoritaire.
Malgré cela, le verdict populaire annule clairement le mémorandum et les lettres notariées que Mr Venizelos et Mr Samaras ont envoyé à l'Europe et au FMI, et rend un gouvernement de gauche comme premier choix alternatif, ce qui mettra fin aux memorandums et aux accords de prêt de soumission.
Ces derniers jours, nous avons observé un alignement complet des partis du mémorandum et une partie des médias avec le ligne que la Fédération Hellénique des Entreprises (SEV) a dessiné hier, pour un gouvernement de salut national avec la participation de SYRIZA et le soutien, évidemment, des partis du mémorandum.
Nous leur avons dit clairement que quels que soient les mauvais tours auxquels ils ont pensé, il n'y a aucune chance que nous laissions entrer par la porte de derrière ce que les gens ont poussé dehors et par la porte de devant dimanche dernier.
Ainsi, ne laissons pas le PASOK et la Nouvelle Démocratie demander un gouvernement qui veuille appliquer le mémorandum et l'accord de prêts – de nouveau, au nom du salut national.
Ce n'est pas un gouvernement de salut national, mais un gouvernement pour le salut du mémorandum. Cela ne nous concerne pas.
Si Mr Venizelos et Mr Samaras ont sincèrement changé d'avis à propos des choix catastrophiques qui ont détruit la société, je les invite à envoyer une lettre, d'ici demain quand je les rencontrerai, aux leaders de l'Union Européenne et aux états membres de l'UE, dans laquelle ils déclareront clairement et catégoriquement que les engagements pris dans leurs lettres précédentes, leur engagement à appliquer fidèlement les directives des marchés et du FMI et le programme barbare du deuxième mémorandum, n'ont aucune validité.
S'ils ne le font pas, je les presserai, dès maintenant, de cesser de tricher avec le peuple grec, parce qu'ils ne peuvent plus convaincre les électeurs qui leur restent.
Pour ce qui nous concerne, après avoir reçu le mandat pour chercher la possibilité de former le gouvernement, nous agirons exactement comme nous l'avons promis avant les élections. Nous redéclarerons notre proposition pour un gouvernement de Gauche.
Notre programme et nos positions sont connues de chacun, pour une série de problèmes cruciaux, comme la redistribution de la charge de l'impôt, l'aménagement du problème de la fiscalité en termes de justice sociale, la reconstruction productive du pays et la reconstruction écologique du développement.
Toutes nos prises de position et nos propositions sont sur la table de dialogue, comme base de discussion que nous désirons ouvrir avec toute la gauche, les forces progressistes et écologiques du pays, mais aussi avec la population.
De plus, nous considérons que nous avons plus de propositions sur la table de dialogue, venant des autres partis de gauche, comme les propositions du KKE pour la protection des sans emploi, pour la régulation des dettes des ménages surendettés, et aussi avec les propositions d'autres forces qui sont en convergence avec nos positions.
Pour les besoins de ce processus de dialogue, que nous entamons aujourd'hui, nous voudrions distinguer et insister sur les axes minimum suivants pour la discussion:
• Le besoin d'une annulation immédiate de l'élaboration des mesures du memorandum et particulièrement ces lois honteuses qui coupent encore plus dans les salaires et les pensions,
• L'annulation des lois qui en finissent avec les droits fondamentaux du travail et particulièrement le loi qui définit que, immédiatement, le 15 mai, l'effet a posteriori des contrats collectifs est terminé et que les contrats collectifs sont abrogés aussi.
• L'appui à des changements immédiats du système politique pour l'approfondissement de la démocratie et de la justice sociale, en commençant par la modification de la loi électorale, l'établissement de la pleine proportionnalité et l'annulation de la loi concernant la responsabilité des ministres.
• Le contrôle public du système bancaire qui aujourd'hui, malgré le fait qu'il a reçu approximativement 200 milliards d'euros en cash et en garantie est encore dans les mains des managers qui ont conduit à cette banqueroute. Nous demandons la publication du Black Rock Report. Nous demandons la transformation des banques en un outil de développement de l'économie et le renforcement des petites et moyennes entreprises.
• Enfin, un cinquième point de négociation: le création d'un Comité d'Audit Public qui examinera la lourde dette; un moratoire pour le remboursement de la dette et une demande pour une solution européenne honnête et soutenable.
La crise n'est pas une spécificité grecque; c'est une crise européenne et nous devons rechercher une solution au niveau européen.
Avec ces axes, nous procédons à une discussion substantielle et sincère à la fois avec les progressistes, la gauche, les forces écologiques et la population grecque. Ces axes constituent notre contribution à la discussion qui a déjà commencé dans la recherche d'une solution gouvernementale.
Je voudrais insister sur le fait que nous ne sommes pas indifférents à la possibilité de gouverner le pays, mais d'abord nous sommes concernés par la gouvernance du pays; nous sommes concernés par le respect du verdict populaire et la politique appliquée par le gouvernement sera en concordance avec le verdict populaire et pas en pleine dysharmonie, comme cela a été le cas ces deux dernières années.
(Traduction: Jean - PCWB)