Fort de café, les conditions de travail dans les usines Nescafé: la CSC manifeste Avenue Louise
BRUXELLES - La CSC Alimentation a manifesté ce vendredi devant le magasin Nespresso de l’Avenue Louise. Le syndicat dénonce les conditions de travail dans les usines Nestlé du monde. Avec l’exemple concret de travailleurs sous «Nespression» dans une usine de café en capsules d’Indonésie.
Nestlé «déplore l'action».
La CSC condamne les conditions de travail dans toutes les usines Nestlé du monde. Et il y en a plus de 80 !
«Nestlé, la plus grande entreprise alimentaire au monde, engage chaque année des centaines de millions d’euros de bénéfices. Mais pour ces bénéfices, les ouvriers sont exploités dans le monde entier et leurs droits sont bafoués».
Une marre de vert CSC s’est assemblée ce vendredi devant les vitrines violettes vantant la nouvelle série limitée du plus célèbre fabriquant de café en capsules au monde. «Stop Nespressure! Stop Nespression!», criaient ces affilés de la branche alimentation du syndicat chrétien.
53 licenciés après l'accord avec la direction
«En Indonésie, dans une usine Nescafé, des ouvriers étaient en grève depuis 5 ans pour améliorer leurs conditions de travail. La grève a abouti à des négociations cette année, puis à un accord. Mais dans la foulée, la direction a licencié 53 grévistes qui avaient bloqué pacifiquement l’usine pour qu’aucun produit ne soit expédié».
Bart Vannetelbosch, Secrétaire National de la CSC Alimentation et Services, est indigné. Sur son t-shirt, un slogan solidaire avec les 53 travailleurs indonésiens, « We are the 53!». «Nous réclamons la réintroduction de ces travailleurs. Nous voulons aussi attirer l’attention du public: il doit être au courant que les produits qu’il achète sont fabriqués dans des conditions indignes».
Un Belge à la tête de Nestlé
La CSC, comme sa grande sœur UITA (Union Internationale des Travailleurs de l’Alimentaire) insiste: les travailleurs des multinationales, partout dans le monde, ont le droit de se syndiquer. «Nestlé porte beaucoup d’attention à ses produits, comme à sa nouvelle poule aux œufs d’or Nespresso. L’entreprise doit aussi montrer l’exemple avec les droits de ses travailleurs. Ici à l’Avenue Louise, les réactions des clients qui sortent de la boutique sont positives, se réjouit Paul Vannetelbosch. «Même s’ils ne sont pas au courant des problèmes».
La CSC se sent d’autant plus concernée que le CEO de Nestlé est le Belge Paul Bulcke. «L’UITA est en contact avec la direction de Nestlé mais, jusqu’à présent, les discussions n’ont pas abouti». Aussi, l’UITA continuera ses coups de gueule à Moscou, en Asie ou aux Pays-Bas. Pour que la poule aux œufs d’or arrête de pigeonner ses clients.
Le site de la campagne Stop Nespressure: http://www.iuf.org/nespressure/en/
Nespresso est muet, Nestlé "déplore l'action"
Nous avons tenté d’obtenir une réaction du côté du management de la boutique bruxelloise de Nespresso. Mais comme souvent, la responsable n’est pas autorisée à répondre. Elle n’était pas au courant du conflit indonésien. Et a cependant promis aux manifestants de relayer le message à la direction.
Du côté de Nespresso Belgique, la communication de la marque nous a confié qu’elle ne pouvait s’exprimer «sur un conflit qui concerne Nestlé et les syndicats, et non spécifiquement Nespresso».
Chez Nestlé enfin, on regrette cette action de l'UITA. «Nous regrettons la décision de l’UITA de réactiver sa campagne contre Nestlé suite à l’échec des pourparlers avec ce syndicat, qui demande le réengagement de 53 collaborateurs qui avaient participé à une grève illégale dans notre usine de café à Panjang en Indonésie», déplore Ferhat Soygenis, de la communication de Nestlé, avant d'expliquer que l'entreprise continuera à chercher des pistes pour trouver un accord sur le statut de ces grévistes.
Avant de préciser que «Tout au long de ce conflit, nous avons agi en conformité avec le droit indonésien. Les vingt-cinq collaborateurs qui ont décidé de retourner au travail dans les délais prévu par la loi sont toujours employés par la société». Et d'assurer que «Nestlé Indonésie, et en particulier la direction de notre usine de Panjang, continue à déployer tous leurs efforts pour que nos relations avec les syndicats soient aussi bonnes à Panjang que dans nos autres usines indonésiennes».