L’art éveille - L’art interpelle
Ses signaux discrets peuvent susciter chez l’observateur, au delà d’une possible émotion, la curiosité, la recherche, un échange fictif du ressenti, point de départ de réflexions, créant un lien avec un « autre », par l’intermédiaire de formes , sons, couleurs …. Il humanise.
C’est un mode de communication libérateur, qui ne doit pas répondre à un conditionnement préalable de classe. Il doit nous être ouvert à tous, des plus jeunes aux plus âgés, à tous les citoyens. Dans la société idéale, leur accès ne devrait-il pas être gratuit et leur contenu considéré comme un bien commun?
Encore faudrait-il que les musées soient en état d'ouvrir leurs portes.
Or, depuis 2011, le musée d’Art moderne et contemporain de Bruxelles a fermé les siennes, dans l’attente au départ annoncée courte, d’un nouvel emplacement . Des projets de construction d’un autre musée dont un Guggenheim bruxellois sont apparus, tous tombés à l’eau.. Une publication de 2016 exprimait déjà la gravité du problème, exprimée par Sabine de Ville, Georges Vercheval et Bernard Viller consultable sur https://museesansmusee.wordpress.com/
« Nous plaidons pour la mise en œuvre d’une solution qui rende rapidement aux collections des XX et XXIes siècles la place qui leur est due au sein des musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. L’attente a assez duré. » (....)
« Le mépris dans lequel est tenu le public, pourtant propriétaire de ce patrimoine, est inacceptable. L’absence d’une solution qui permette de présenter ces collections dans de bonnes conditions l’est tout autant. Nous actons, avec une indignation intacte, le cinquième anniversaire de la disparition des collections d’art moderne pour lesquelles l’architecte Roger Bastin avait conçu, au centre de la capitale, un intéressant projet architectural et un ingénieux puits de lumière »
Cinq ans après, le problème est toujours d’actualité.
On comprend donc mieux la profonde motivation de Sandrine Morgante qui a le courage de lancer une pétition déclarant l'inadéquation du projet de construction d’un musée du chat, dans la situation actuelle ou le musée d’art moderne agonise (Pétition en ligne). Le texte est signé par Sandrine Morgante, artiste et enseignante, et par Denis De Rudder, lui-même professeur responsable de l’option dessin à la Cambre.
On trouve notamment dans le texte l'évocation de l’intérêt pour l’étudiant d’observer dans le puits de lumière les œuvres de : « Giorgio de Chirico, Salvador Dalí, Francis Bacon, Asger Jorn, George Segal, Nam June Paik, Roman Opalka, Anselm Kiefer, etc. mais aussi les artistes belges Rik Wouters, Panamarenko, Marcel Broodthaers, Evelyne Axell et tant d’autres (dont les œuvres sont actuellement vouées à l’ombre, NDLR). Celles et ceux d’entre nous qui enseignent pourraient vous parler de la frustration provoquée par la disparition d’un tel outil pédagogique. Cette fonction démocratique du musée devrait toujours avoir la priorité sur la fonction d’attraction touristique et sur les impératifs financiers. Les citoyens.ennes ont le droit d’avoir accès aux collections publiques, puisqu’elles sont finalement les leurs. »
Le musée a une fonction démocratique.
Les artistes bruxellois ont de grandes difficultés à survivre. La région de Bruxelles-Capitale devrait donc dans sa politique muséale opter en premier lieu pour la préservation nécessaire du bien commun et au soutien des artistes. Le capital mis en jeu pour l’élaboration du projet Geluck pourrait être utilisé utilement à cette fin.
La défense de Sandrine Morgante de cette pétition sur RTL face à Philippe Geluck occasionne un déferlement de haine sur les réseaux sociaux . Sans aucune considération sur la valeur possible des arguments évoqués ni sur les qualités de la personne qui les exprime. Un intérêt commun est défendu - art accessible au commun des mortels, et aux étudiants en premier lieu. Sandrine Morgante artiste exprime le sentiment ressenti depuis des années d’autres « personnes frustrées »
Sandrine Morgante occupe donc la situation difficile de lanceuse d’alerte et son appel mérite d’être entendu.