1er mai 2023 - Liège

Prise de parole du Camarade Marc Tondeur:

Chers camarades, chères amies, chers amis,

Nous voici de nouveau comme chaque année à célébrer la fête des travailleurs, la fête des luttes contre l’exploitation ; luttes jamais terminées mais qui ont souvent porté leurs fruits. Car oui, la lutte porte des fruits. Et contre les défaitistes, on dira qu’un combat jamais engagé ne saurait produire des fruits. Lénine a répété encore et encore que sans les travailleurs organisés en syndicats, il est impossible d’obtenir le renversement d’une société impitoyable qui les écrase, la société capitaliste. Les grandes avancées sociales ont été obtenues ainsi par les luttes de centaines de milliers de travailleurs organisés au niveau syndical.

D’un autre côté, de nombreux dirigeants d’entreprises multinationales, qui n’ont jamais manqué de rien rétribuent largement leurs actionnaires au lieu d’investir ou d’augmenter les salaires. Les actionnaires ? Ce sont ces gens qui prêtent leur argent à un fonds de pension par exemple, à condition qu’on leur garantisse 6 ou 10 et même 15 % d’intérêt. Des rentiers qui se couchent tous les soirs contents de leur journée passée à se prélasser et qui se réveillent le lendemain plus riche que la veille. N’y a-t-il pas plus bel exemple d’exploitation ? Car d’où vient la richesse ? Du travail fourni par les travailleurs qui sont les vrais producteurs, les vrais créateurs de biens et de services. Il est évident que l’argent de la rente ne tombera jamais dans la poche de ceux qui font vivre l’entreprise. Un patron ne peut se passer des travailleurs : sans ceux-ci, le patron n’a même pas d’existence. La droite, Bouchez, Prévost ressassent que les patrons créent des emplois. Ils ne créent rien du tout ! C’est grâce aux travailleurs, ouvriers et employés, que l’entreprise vit. En revanche, après une bonne formation, les travailleurs peuvent se passer du patron.

Aujourd’hui, le patronat, avec l’aide de l‘Etat et des politiciens de leur bord, tente de criminaliser les syndicats : rappelons-nous le procès et la condamnation des 17 syndicalistes de la FGTB qui avaient interrompu la circulation sur un tronçon d’autoroute ; et aujourd’hui, les travailleurs de Delhaize qu’on menace d’astreintes, auxquels on envoie des huissiers accompagnés de Robocops pour intimidés les piquets et laisser entrer les casseurs de grève. Les patrons font appel à du personnel extérieur, des étudiants, des intérimaires. Mais que veulent les travailleurs de Delhaize ? Ils veulent conserver leurs droits et avantages, ce qu’ils risquent de perdre en cas de franchisation. La multinationale Ahold-Delhaize est-elle en crise ? Pas du tout ! Delhaize Belgique a fait 180 millions de bénéfices l’an dernier. Le PDG, Franz Müller du groupe Ahold Delhaize a empoché 5,7 millions d’€ de rémunération en 2021 et 6,5 millions en 2022. Il y a en Belgique des dizaines de milliers de gens qui ont une rémunération annuelle inférieure à 20 000 €. Donc 300 fois moins ! Et Delhaize, en 2017, est arrivé en 3ème position en ce qui concerne l’optimisation fiscale : au lieu de payer 25 % d’impôts sur le bénéfice, il n’en paie que … 0,1 %. Pour chaque mille euro de bénéfice, Delhaize paie un euro à l’État !! Comment est-ce possible ? Delhaize est caché dans les paradis fiscaux des Caraïbes (les Bermudes), au Delaware (USA) et surtout en Europe, par exemple en Irlande, au Luxembourg, en Suisse, à Jersey, il n’en manque pas.

Nul doute que les rémunérations de ces dirigeants augmenteront encore en 2023 ; nul doute que les travailleurs auront à se plaindre de la nouvelle situation. Ceux des travailleurs qui ont quitté un Delhaize franchisé pour aller dans un Delhaize intégré le savent bien d’ailleurs, c’est pourquoi ils se battent comme des lions (des tigres) pour empêcher ce scandale.

Nous sommes aussi outrés devant l’inflation du coût des produits alimentaires et d’hygiène qui continue de grignoter le pouvoir d’achat des consommateurs et qui atteint plus de 20% en un an. Plus que jamais, il faut être vigilant, car il est clair que cette inflation qui se répercute sur les salaires ne manquera pas de donner des arguments à la droite pour relancer l’offensive contre la liaison des salaires au coût de la vie. 

En France aussi les travailleurs, unis dans l’intersyndicale, luttent avec acharnement pour empêcher la retraite à 64 ans. Les Français ne s’avouent pas vaincus par le passage de la loi. Aujourd’hui, à Paris et dans toutes les grandes villes les travailleurs battent le pavé et manifestent. Le gouvernement Macron, les partis de droite et le patronat les critiquent : pourquoi si ailleurs on travaille jusqu’à 67 ans, vous ne voulez pas travailler jusqu’à 64 ?

Par la lutte et la résistance les travailleurs français montrent l’exemple. Pourquoi faudrait-il s’aligner sur le pire ? Si les gouvernements européens et l’Internationale du patronat ont réussi à imposer à la population européenne le travail jusqu’à 67 ans, pourquoi faudrait-il considérer cela comme sensé et allant de soi ? Bientôt la droite française voudra que les travailleurs s’alignent sur les autres européens, en utilisant toujours les mêmes arguments. Ce n’est pas normal de travailler aussi longtemps dans nos pays immensément riches. Mais Macron et ses copains du CAC 40 n’ont pas réussi encore. Et nous pouvons les aider. Il faut soutenir le combat des travailleurs français. La solidarité internationale existe encore, camarades.

Nous sommes plus que jamais inquiets de l’évolution de la guerre en Ukraine et du risque de son élargissement. Nous y voyons les conséquences de l’effondrement de l’URSS qui a ranimé un nationalisme outrancier animé par des forces d’extrême droite qui relèvent la tête partout.

Nous tenons à exprimer notre solidarité aux travailleurs ukrainiens. En effet, leur gouvernement profite des hostilités pour remettre en cause les codes du travail, le droit de grève et l’existence des organisations syndicales, en créant un rapport de force unilatéralement favorable à l’oligarchie financière et au patronat défendus par Zelensky. Pour la grande majorité des travailleurs, c’est un retour au 19e siècle qui est en phase avec la nature fascisante du régime ukrainien actuel. 

Nous sommes scandalisés d’apprendre que les pays qui soutiennent l’Ukraine se sont engagés à lui consacrer plus de 140 milliards d’euros d’aide militaire. 140 milliards, c’est 20 fois plus que l’aide accordée à la Turquie et la Syrie ravagées par le séisme du mois de février qui a causé 60 000 victimes.

Outre ces 140 milliards, nous apprenons que les 27 pays de l’UE se sont engagés à livrer un million de nouveaux obus de 155 mm à l'Ukraine.

À 4000 euros l’obus, faites le compte !  C’est 4 MILLIARDS !!

Et comment s’appelle le fond européen destiné à poursuivre la guerre ? La Facilité Européenne pour la Paix !! Amusant ? Non, scandaleux.

Dans une Belgique qui héberge sur son sol des bombes atomiques et le centre de commandement de l’OTAN, nous avons toutes les raisons de craindre cet OTAN qui n’est pas qu’une alliance destinée à défendre ses membres. Plus que jamais, l’OTAN est une organisation offensive qui est le bras armé de la coalition impérialiste des USA et leurs alliés qui se prennent pour les gendarmes du monde. 

Rappelons que les USA avec la complicité et l’appui de plusieurs pays européens sont intervenus militairement en en Amérique Latine, en Iraq par deux fois, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, en Serbie aussi pour lui arracher son territoire autonome, le Kosovo. Et l’excroissance ses USA au Proche-Orient avec son allié Israël a envoyé son armée en Palestine, en Iran, en Syrie et au Liban.

Malgré les promesses faites aux Russes en 1990 de ne pas occuper la place laissée vide par le Pacte de Varsovie, l’OTAN parjure s’est agrandie vers l’Est, vers la Russie. Regardez une carte des bases de l’Otan et des bases américaines autour de la Russie : il ne manque que l’Ukraine et la Biélorussie pour le verrou final.

Depuis le début des hostilités, notre gouvernement a consacré 222 millions d’euros envers l’Ukraine, au détriment des services publics pour les travailleurs des services publics, la santé, l’éducation, la santé et la sécurité sociale.

Rappelons que notre parti a condamné fermement l’intervention militaire de Poutine et son gouvernement en Ukraine. Poutine a lancé son armée contre un pays frère, pensant sans doute régler le problème en quelques semaines. On est passé d’une guerre civile régionale (le Donbass) qui avait commencé il y a neuf ans, en 2014, à une guerre totale, massive, coûtant des dizaines, voire des centaines de milliers de morts de chaque côté. Il est urgent d’arrêter ce massacre. Jaurès voulait empêcher la première guerre mondiale, une guerre compétitive entre Empires où les ouvriers et surtout les paysans constitueraient la chair à canon. Les Impérialistes ne l’entendaient pas de cette oreille et Jaurès a été assassiné.

Rappelons aussi que, pour nous communistes, Poutine et ses partisans sont des capitalistes, enrichis par le vol, la corruption et l’arnaque ; des nationalistes et des inféodés à l’église orthodoxe. Tout le contraire de nos conceptions communistes, basées sur l’internationalisme, le socialisme et la séparation de l’état de toutes les institutions religieuses, orthodoxes, musulmanes ou chrétiennes. Les religions, c’est l’opium du peuple, il faut le rappeler.

Nous sommes aussi scandalisés par le climat de russophobie qui se développe surtout en Europe et qui n’épargne même pas notre parlement qui a récemment approuvé une proposition de résolution qui qualifie de génocide la famine dont le peuple ukrainien comme d’autres peuples de l’URSS ont été victimes en 1932-33. Nous sommes d’autant plus indignés que cette résolution a été proposée par le Vlaams Belang, un parti d’extrême droite.  Nous félicitons le groupe parlementaire du PTB qui s’est abstenu de cautionner cette nouvelle falsification de l’histoire et dont les membres sont insultés « d’idiots du Kremlin » par une presse de caniveau. Nos camarades communistes du PCF ont agi de même quand la question s’est posée au Parlement européen : ils ont voté contre cette résolution scandaleuse.

Il faut relancer en urgence la lutte pour la paix !

Nous exigeons l’arrêt des combats de part et d’autre. C’est à l’ONU qu’il appartient d’engager des négociations de paix dans lesquelles l’arrêt de l’extension de l’OTAN doit être un préalable. La Russie ne peut accepter une base de l’OTAN en Ukraine comme les USA n’accepteraient pas non plus une base russe au Canada, au Mexique ou comme en 1962 à Cuba.

Ces négociations doivent aussi tenir compte du respect du principe d’autodétermination des peuples qui doit permettre aux populations russophones du Donbass et de Crimée de déterminer l’avenir de leurs territoires.

Rappelons qu’en 1983 le mouvement pacifiste avait été capable de rassembler 300 000 personnes dans les rues de Bruxelles. Et aujourd’hui ? 1500 manifestants à Bruxelles en février dernier !!

Il y a aussi la lutte contre la peste brune. Elle est bien implantée en Suède, en Italie, en Hongrie et en Ukraine. Elle cherche à se consolider en France, en Flandre, en Espagne et en Pologne. Partout elle cherche à faire se dresser les travailleurs les uns contre les autres, partout elle s’en prend aux immigrés, aux sans-papiers. Il faut reconstituer un Front Anti Fasciste, à Liège ça urge car un groupuscule nouveau appelé « Chez nous » prétend s’enraciner dans notre ville. Cela aussi est une tâche des travailleurs qui n’ont rien à gagner à fréquenter ces gens-là qui utilisent parfois le langage de la gauche pour nous embrouiller. Le fascisme, c’est l’intolérance, c’est le racisme, c’est le retour des religions réactionnaires, c’est le nationalisme, c’est la guerre.

Voilà, chers amis, chers camarades, ce qui nous attend. Une année de luttes. Luttons pour le maintien et la promotion de services publics de qualité. Refusons les privatisations. Sachons accueillir les migrants dignement, comme nous avons su le faire avec les réfugiés ukrainiens.

Les échéances électorales de 2024 doivent retenir toute notre attention car la droite nationaliste flamande risque de nous entraîner dans le confédéralisme qui mettrait un terme à l’unité nationale. Une confédération serait tout au plus une vague association entre deux entités indépendantes régies par le « chacun pour soi » avec la fin des transferts de richesses fiscales et sociales qui risquerait d’augmenter le taux de pauvreté de 15% en Wallonie. Une confédération serait la touche finale de la stratégie patronale et de la droite pour mettre les populations en concurrence. Elle sera la fin de l’illusion de ce fameux « fédéralisme à la belge » qui nous avait été vanté comme la panacée.

Mais face à ces échéances, nous sommes convaincus que vous saurez pour qui voter. A gauche toute, camarades ! A gauche !

Vive le 1er mai 2023 !

Solidarité et fraternité entre tous les travailleurs en lutte en Europe et dans le monde entier.

Travailleurs de tous les pays unissons-nous pour créer une autre société, une société débarrassée de cette engeance, le capitalisme.

Vive le socialisme, vive la liberté !

 

ImprimerE-mail