Strépy-Bracquegnies : 129 travailleurs et leurs familles pris en otage

Mardi 17 avril. Les travailleurs de GDB International, une entreprise du zoning de Strépy-Bracquegnies (La Louvière) spécialisée dans la fabrication de mobiliers et de fournitures de bureau, occupent l’entreprise. La raison : l’entreprise est en cessation de paiement. Le CA renonce à recapitaliser l’entreprise et sollicite une procédure de réorganisation judiciaire (PRJ). La procédure de réorganisation judiciaire a pour but de préserver, sous le contrôle du juge, la continuité de tout ou partie de l'entreprise en difficulté ou de ses activités. Toutefois, au Tribunal de Commerce de lundi, la direction change d’avis et transforme la demande de PRJ en dépôt de bilan pur et simple, histoire de mettre son passif social à charge de la collectivité .


Les  travailleurs et leurs organisations syndicales vivent cette décision comme une trahison. Un véritable coup de poignard dans le dos. L’occupation est décidée
.

Cette situation, pour les syndicats, est l’aboutissement d’un processus qui semble avoir démarré en 2008 lorsque le holding Alcopa, dont GDB fait partie, rachète Brevidex, un groupe français également spécialisé dans le mobilier de bureau. En 2009, 33 emplois sont perdus pour limiter les pertes. Cette année là, le chiffre d’affaire de l’entreprise est à 67 % en France pour 16,8 % pour la Belgique. Ce regroupement influe évidemment sur la stratégie commerciale. GDB en perd le contrôle et doit se contenter de la vente de produits dont les marges bénéficiaires sont très réduites. Nous assistons dès lors à une mise en faillite orchestrée... en interne. Les factures impayées émargent essentiellement de sociétés mère ou fille.

Les organisations demandent un délai pour ré-envisager une PRJ… ou une sortie honorable pour les travailleurs. Ils sont 129, dont la plupart ont 17 ans d’ancienneté. « On s’est cassé le dos et les genoux pour cette boîte et voilà comment on nous remercie », me dit un travailleur auprès du brasero qui flambe devant la grille fermée de l’usine
.

« DGB doit retrouver sa clientèle et des produits à haute valeur ajoutée pour réacquérir une réelle rentabilité », estime-t-on au SETCa.

Certes, mais quelle confiance avoir en ce patronat pour qui les travailleurs ne sont que des klinex, bons à jeter après usage ? Où est le droit au travail dont ces messieurs-dames de la FEB se font les ardents défenseurs lorsqu’une grève perturbe leurs basses spéculations mais l’oublie lorsque sont menacés les dividendes ? Qui sont les otages de ces manœuvres patronales et actionnariales visant le profit maximum au détriment de l’emploi et de l’avenir de notre jeunesse ? Quand donc les pouvoirs publics vont-ils enfin mettre un terme à ce système abject de déni de justice sociale ?


Et après tout, si on faisait nôtre, la révolution citoyenne préconisée par nos amis français du Front de Gauche !


JP Michiels

ImprimerE-mail