Notre camarade Jean EVALDRE est décédé.

Notre camarade Jean Evaldre nous a quittés, ce mardi 10 janvier 2012, quelques semaines avant son 91e anniversaire. Jean était né à Gent le 26 mars 1921, d'un père francophone, ingénieur ULB, et d'une mère issue de la petite bourgeoise gantoise de langue française. Ses parents s'étant installés à Bruxelles, il est élève à l'Athénée d'Ixelles où il a notamment pour professeur Victor Larock qui le marque grandement. Il y fait aussi la connaissance de plusieurs jeunes engagés dans le combat antifasciste, dont plusieurs militants des Jeunes Gardes Socialistes Unifiés.

En 1938, il s'inscrit à la Faculté de Droit de l'ULB. Il y milite au sein des Étudiants Socialistes Unifiés (ESU) et participe à leurs activités et manifestations, notamment en faveur de l'Espagne républicaine.

 


En juin 1940, c'est dans la maison de ses parents (alors évacués en France) qu'il accueille ce que sa future compagne, Jurgita Smolski, appellera "la réunion pionnière de juin 1940" (1), durant laquelle les ESU décident de mener le combat clandestin contre l'occupant nazi. Jean Evaldre est donc de ceux qui, le 12 novembre 1940, autour de Jacques Leten, dirigeant principal des ESU, rédigent le premier tract clandestin de l'ULB. Puis, avec les autres responsables ESU, il contribue à la mise en place du Rassemblement Estudiantin de l'ULB, alors que l'ULB a été fermée par l'occupant nazi en 1941.

Libération, il se retrouve militant du PCB (auquel il a adhéré le 1er mai 1941) et de la JGSU (vite rebaptisée Jeune Garde Populaire). Il doit cependant d'abord accomplir sa formation militaire, puis bénéficiant de la faculté accordée aux étudiants résistants de passer les examens sans avoir suivi les cours, il devient docteur en droit, au début 1946, en passant devant le Jury central. À la même époque, il épouse Yvette De Backer et entre comme fonctionnaire au ministère des Victimes de la Guerre, puis à celui des Travaux publics. La fin de la participation communiste au Gouvernement (1947) l'éloignera cependant de la fonction publique.

Il s'installe alors à Roux, où il ouvre un cabinet d'avocat, tout en continuant à militer au sein du PCB et de la Jeunesse populaire de Belgique (il est alors directeur de sa presse). Il mène ensuite une longue carrière au Barreau de Charleroi, notamment marquée par sa participation au Collectif d'avocats qui assume les demandes des épouses, mères et enfants des victimes de la catastrophe de Marcinelle(2). Il fut aussi un avocat spécialisé dans les affaires de curatelle et il passait encore de temps à autre au tribunal de commerce de Charleroi.

Après le décès de son épouse en 2004, il avait trouvé en Jurgita (Georgette) Smolski une compagne avec laquelle il pouvait partager autant de souvenirs que de passions communs, depuis leur passé à l'ULB, aux ESU, au PCB, à la Presse communiste. Nous avons ainsi eu le bonheur de les compter tous deux à plusieurs des colloques ou journées que nous organisions ou auxquels nous fûmes associés. Armé de son sourire et de sa gentillesse, il paraissait d'une éternelle jeunesse.

Que Jurgita Smolski, que tous les parents et amis de Jean Evaldre trouvent ici le témoignage de nos très sincères et amicales condoléances.

1Jurgita SMOLSKI, Engagés volontaires : dix U.L.Bistes dans notre mémoire, Bruxelles : éd. du CArCoB, 2010, p. 32-35.

2 Il est évidemment, avec son collègue François Collinet, l'un des personnages de la pièce de théâtre Bois du Cazier¸ oeuvre de Jean Louvet et Marie-Louise De Roeck (Carnières : éd. Lansman, 2006).

 

Ses funérailles auront lieu le vendredi 13 janvier 2012 à 15 h 45 au crématorium de Gilly.

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