Faillite ou liquidation du Holding communal

Ce 31 octobre au Conseil communal de Courcelles, au nom du Front des Gauches-Courcelles, Robert Tangre, développait l'intervention reprise intégralement ci-dessous.

Le Crédit communal était la banque publique des communes depuis 1860, une banque à la santé insolente dont le bénéfice net progressait sans cesse. L’appétit venant en mangeant, elle absorba tour à tour la Société Nationale à l’Industrie (SNCI), l’Office Central du Crédit Hypothécaire (OCCH) et devint ainsi le premier holding bancaire belge puis se transforma en pieuvre aux multiples tentacules comme la qualifia «le « Financieël Ekonomische tijd ». Banque des communes et des provinces, lors de la régionalisation du pays, elle devint celle des régions et communautés

L’appétit venant, elle crée une filiale la SMAP et prend des participations dans une banque luxembourgeoise et le Crédit local de France. Ces diverses étapes seront adoptées majoritairement par l’ensemble des actionnaires, principalement les communes.
 
Voici notre première responsabilité, celle de nos pouvoirs communaux, toutes tendances confondues qui croient au capitalisme triomphant, source de richesse et de bien-être –rappelons que nous sommes quelques années après la chute du mur de Berlin.

Désormais, il faut s’agrandir, gérer les fortunes et spéculer. L’alliance avec le Crédit local de France se réalise dans le cadre de l’annonce de la création de l’euro et dans la perspective de la rivalité qui va opposer les grandes banques européennes et internationales. Les deux principaux actionnaires publics se partagent grosso modo 50 % des actions, 25 % donc pour chacun des actionnaires publics français et belges, le reste vu la cotation en bourse en 1966 sera détenu par des partenaires privés. Succès immédiat, introduit à 2675 FB, l’action dépassera même à un moment donné les 4000 FB.


Permettez-moi de rappeler aux anciens de ce conseil communal, le contentement de certains d’entre nous lorsque durant deux années, nous avons engrangé des montants fabuleux. Je vous rappelle qu’à l’époque, l’UCPW avait dénoncé la privatisation du Crédit communal. Je n’ai plus les chiffres en tête mais vous pouvez me rafraîchir la mémoire. Lors de sa privatisation, le Crédit communal va créer une filiale appelée Holding communal qui deviendra détenteur de 14, 1 % du capital.


Le groupe devient très riche et comme la grenouille va vouloir se faire plus gros que le bœuf. Elle prendra des participations ou rachètera d’autres banques que ce soit en Italie, au Luxembourg ou encore en Israël, dans des banques concurrentes aussi, car ses fonds propres sont excédentaires.


Pendant cette période de spéculation pour les uns, les dettes des communes restent relativement stables (voir ci-dessous pour Courcelles à partir de 2002) car faut rembourser les intérêts et emprunter sans cesse handicapant ainsi les investissements nécessaires de toutes nos collectivités (entretien des routes, des écoles, économie d’énergie, aide sociale, logements,…). La charge de la dette représente pour nos propres finances communales environ 13,36 % de notre budget global. A cela, il faut ajouter et je ne cesse de le dénoncer depuis mon élection dans cette assemblée le non respect par l’Etat fédéral de ses obligations légales envers le Fonds des communes et le poids du fardeau causé par la réforme des polices, des exclusions des chômeurs etc.…


La machine de la spéculation tourne alors à fond : il faut satisfaire les actionnaires et on achète subprimes aux Etats-Unis, achat de dettes grecques (principalement au travers de Dexia France) ou ailleurs et cela nous amène à la catastrophe de 2008 mais entretemps, ce sont de très nombreuses localités qui vont acheter des emprunts pourris. Il faut alors recapitaliser. L’Etat belge en accord avec le français renflouera la banque à hauteur de 6.4 milliards d’euros.
 

Il sera aussi fait appel aux pouvoirs communaux pour renflouer le Holding communal qui court à la faillite. Nous devons ici nous féliciter de la sage décision de Courcelles de ne pas nous être laissés prendre à saisir l’ombre pour la proie car Dexia à l’époque, ne tenant aucun compte de son passé inavouable appâtait les communes en leur promettant déjà des retombées en actions à hauteur de 13 %. Le comble, certaines communes s’endetteront même pour renflouer cette banque pourrie (employons le mot français car derrière le vocabulaire anglais se cachent toutes les manipulations négatives).


On a supprimé alors 900 emplois, fermé des banques de proximité et il n’a pas fallu attendre longtemps, immédiatement, dès le moindre petit souffle d’argent frais pour que les arnaqueurs retombent dans leurs travers : traders, salaires surdimensionnés, …


Entre 2008 et 2011, communes et provinces ont réinvesti à perte environ un demi-milliard d’euros et dans les même temps, les communes ont perdu des centaines de milliards d’euros en dividendes mais toutes communes confondues, nous allons digérer une perte potentielle de plusieurs milliards suite à la chute de l’action Dexia : entre 90 et 98 % en quelques jours (0.59 euros ce 23-10-2011 : voir ci-dessous**)


La faillite ne serait pas prononcée mais une forme de liquidation surviendrait. En tout cas, l’Etat fédéral qui couvre tous les actionnaires de Dexia à hauteur de 100 000 euros est devenu de fait le réel propriétaire de la banque, une nationalisation qui ne dit pas son nom.


Retour à la case départ mais avec quelle perte pour l’ensemble des Belges car nos irresponsables politiques devront payer l’incompétence de nos administrateurs incontrôlés ou incontrôlables. On peut enfourcher une vache avec un chapeau de cow-boy sur la tête, on n’est jamais qu’un vacher.


J’en termine ici pour cet inventaire peu glorieux conséquence directe de ce capitalisme destructeur que nous acceptons tous au plus haut niveau de nos états pour vous proposer de vous prononcer ou individuellement ou collectivement sur la motion ci-dessous,


Le conseil communal (ou les membres ci-après du conseil communal) de Courcelles réuni(s) ce lundi 31 octobre 2011


Se félicite(nt) de ne pas avoir réinvesti en 2008 dans le Holding Dexia et épargné ainsi l’argent de nos concitoyens ;


Dénonce(nt) les dérives spéculatives de la banque Dexia ;


N’accepte(nt) pas que de l’argent public soit de nouveau versé pour recapitaliser cette banque ;


Condamne(nt) les gestionnaires publics coresponsables des dérives et leur mise totale à l’écart de toute gestion publique ;


Souhaite(nt) la réunion d’une commission parlementaire diligentée pour faire toute la lumière sur les responsabilités des divers administrateurs et partenaires ;


Estim(ent) urgent qu’avec le contrôle de Dexia par l’Etat de recréer une banque publique pure basée comme par le passé sur l’épargne individuelle et le prêt aux pouvoirs publics et ce, à taux fixe non usuraire, une banque où ne jouera pas la spéculation ;


Exige(nt) la taxation des activités bancaires n’oubliant pas que ces dernières ont profité largement du pactole octroyé à tous les actionnaires, mais aussi des activités spéculatives et du capital mobilier à un niveau déterminé


Propose(nt) de refinancer la nouvelle banque publique par l’extinction immédiate des dettes des communes à l’égard de Dexia*.

 
*C’est ce que vient de faire l’Islande.

 La dette de Courcelles représente 13,36 % du budget communal.

Année

Solde 31/12

 

 

 

 

 

2002

20.659.662,25

 

 

 

 

 

2003

21.053.979,98

 

 

 

 

 

2004

19.717.214,46

 

 

 

 

 

2005

19.570.223,92

 

 

 

 

 

2006

21.403.221,39

 

 

 

 

 

2007

20.588.532,73

 

 

 

 

 

2008

20.639.773,44

 

 

 

 

 

2009

20.789.738,10

 

 

 

 

 

2010

20.928.628,54

 

 

 

 

 

** COURCELLES  possédait 155.625 actions Dexia pour une valeur totale de 3.624.195 €  qui devaient rapporter 471.145 € jusqu'en 2014. La valeur moyenne nominale de ces actions était de 23,288 €. Le 26 octobre, jour où nous écrivions cet article, Courcelles ne possédait plus que 85593,75 €

Extrêmes Euronext Bruxelles

 

Plus haut 10 ans (23/05/2007)

23.82

Plus bas 10 ans (18/10/2011)

0.48

 

 

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