«Casse toi, pov’ con»
Une force puissante naît à gauche dans la campagne présidentielle française. Elle déborde déjà des frontières de l’hexagone et souffle comme une bourrasque chargée d’espoir sur l’Europe des progressistes tout entière. Elle gonfle d’optimisme le peuple de ceux qui savent qu’une autre politique est possible!
Elle annonce d’autres rendez-vous électoraux en Grèce et en Allemagne. La peur y est occupée à changer de bord… Revoilà pour nous des lendemains qui chantent! Le temps des cerises? L’insurrection civique. La dynamique du Front de gauche se construit sur un projet charpenté sur des Valeurs. Celles nées de la Commune. Celles concrétisées dans «Les Jours heureux», le programme du Conseil national de la Résistance.
Elle est bâtie sur une stratégie propre à la gauche: le rassemblement des forces. Une démarche unitaire qui ne dissout pas les différences derrière un homme «providentiel». Non. Un front, large et populaire, qui rassemble autour d’un projet clair et clairement en rupture avec l’idéologie des dominants. Un projet inspiré incontestablement par ce qui définit la gauche depuis 1789: l’Egalité, la Liberté (celle des femmes et des hommes, pas celle des marchés) et la Solidarité, cette «tendresse des peuples» définie par le poète nicaraguayen Thomas Borge devenu, dans les années 80, ministre de l’Intérieur du gouvernement sandiniste!
Les succès croissants «dans l’opinion» de Jean-Luc Mélenchon s’expliquent d’abord par une aspiration populaire profonde à un retour à ces «fondamentaux». En témoigne la démonstration de force du 18 mars à La Bastille. Ils se fondent dans la pertinence de propositions qui rejettent de manière tranchante toute perspective d’austérité. Dans cette idée maîtresse qu’un autre monde est nécessaire! Ils sont bien sûr soutenus par des talents; ceux d’un tribun, d’un grand pédagogue mais surtout ceux d’une équipe solide qui le porte et l’encadre. L’insurrection civique que les militants du Front de gauche appellent de leurs vœux passe par les urnes. Cette révolution citoyenne invite chacun à «prendre le pouvoir». Sur sa vie d’abord! Elle balaye d’un air frais une scène politique engluée dans un discours de résignation et de soumission aux marchés et ringardise les refrains de la confrérie multilatérale des «d’ju vou, d’ju n’pou» (1).
La mise en route de ce processus révolutionnaire nous concerne personnellement. Nous femmes et hommes de gauche, nous syndicalistes, nous métallos de Wallonie et de Bruxelles. Parce qu’elle crée pour nous aussi des perspectives nouvelles. Elle valide une méthodologie de rassemblement que nous partageons et une volonté d’éducation populaire qui devient, pour chacun de nous, un devoir dès lors que les médias, ici aussi, sont gagnés par un consensus de «chiens de garde» du système. Nous devons donc, partout où nous sommes, dans les ateliers, en famille, au bistrot ou dans les troisièmes «mi-temps», nous tourner vers les gens pour convaincre. Et résister tous ensemble ! Ce n’est qu’un début…
Le mouvement enclenché ne va pas s’arrêter. Il nous concerne et nous implique encore parce qu’une France de gauche peut contribuer à changer d’Europe. C’est non seulement nécessaire, c’est brusquement devenu urgent. Mélenchon propose subtilement de substituer à la «règle d’or» des financiers qui veulent nous affamer comme ils épuisent déjà nos camarades grecs, une «règle verte», celle qui doit honorer la «dette écologique».
Nous y ajoutons, comme lui, une «règle rouge», celle qui consiste à facturer la crise à ceux qui l’ont provoquée. Inscrivons dans la Constitution le plein emploi, une fiscalité qui n’épargne plus les riches, des salaires décents et plafonnés, l’importance vitale des biens communs! Nous devons nous battre contre l’approbation des derniers traités européens qui vont organiser la misère, tuer les services publics, broyer l’index et réduire au silence la concertation sociale. Nous signons également le même engagement pour la définition d’un plan de développement respectueux du seul cadre de vie dont les humains disposent puisqu’il est basé sur l’émancipation des femmes et des hommes, sur la volonté de transformer le réel et qu’il vise l’intérêt général.
Voilà bien des raisons d’associer nos voix aux cris de «Résistance» poussé par un peuple de gauche réuni par un dimanche maussade entre Nation et Bastille. Pas de problème pour ajouter avec lui l’invitation adressée à Sarkozy dans le seul langage qu’il comprenne: «Casse toi pov’con». Et c’est lui qui l’a dit! Et l’automne venu, nous en serons d’autant plus forts pour l’expliquer, son tour venu, à Mme Merkel…
Nico Cue, Secrétaire général MWB-FGTB (1) Annie Cordy traduirait: «J’voudrais bien, mais j’peux point»…