Hommage à Julien Lahaut!

 

Ce samedi après-midi avait lieu la commémoration au cimetière des Biens Communaux de l’assassinat en 1950 de Julien Lahaut, président du Parti Communiste de Belgique. Le PTB avec qui nous ferons alliance dans un front uni des travailleurs en octobre prochain, d’après les mots employés par Julien Hannotte, a également pris la parole en la personne de Damien Robert.

 

Julien Hannotte Morais, secrétaire politique de la fédération de Liège du PCB a rappelé plusieurs combats de Noss Julie…n : ils sont toujours d’actualité, de l’égalité homme-femme à celle pour la paix, pour l’augmentation des pensions, la réduction du temps de travail, dans une lutte quotidienne sur le terrain.

 

Il a taclé la gestion social-démocrate de Seraing où Lahaut n’a pas été bourgmestre en 46 à cause de manigances du POB, ancêtre du PS. « À Seraing, nous ferons, comme en 38, perdre sa majorité absolue aux socio-démocrates pour renforcer le vrai camp du socialisme. Il y a 80 ans, c’était Julien qui menait la liste. […] Seraing-la-Rouge appartient aux travailleurs, pas aux promoteurs »

 

Les libéraux n’ont pas été épargnés par la critique tant sur leur politique sociale que migratoire en collaboration avec l’extrême-droite de la NV-a : « Julien Lahaut qui a vécu l’horreur des camps de Neuengamme et Mauthausen, qui a accueilli 3 enfants de républicains espagnols chez lui, qui, lorsqu'il menait la grève à Ougrée-Marihaye en 1921, avait organisé l’accueil des enfants des grévistes, Julien Lahaut n’aurait jamais accepté l’enfermement d’enfants, d’hommes et de femmes parce qu’ils n’ont pas les bons papiers ! Point ! » comme aucun autre être humain ne doit être enfermé parce qu’il n’a pas les bons papiers.

 

Il conclut : « Moins d’une semaine après l’inauguration de la rue Julien Lahaut à Dampremy, nous réaffirmons que nous continuerons à défendre la mémoire de ce grand homme de la classe ouvrière et poursuivrons ses combats pour notre émancipation, pour le socialisme. »
#Connaîtrelhistoireouvrière

 

 

 

photo Osvaldo Palombo

 

Discours en intégralité :

 

 

Chers et chères amis et amies, chers et chères camarades,

 

Une nouvelle fois, nous sommes nombreux pour rendre hommage à Noss Julien, président du Parti Communiste de Belgique, nom que notre parti a retrouvé au terme de notre congrès du 30 juin dernier.

 

68 ans après son assassinat par le réseau anticommuniste d’André Moyen, nous ne pouvons que constater que les combats de cet homme, de cet enfant de Seraing et de la classe ouvrière, qui a subi les brimades de la justice de classe, sont non seulement encore justes mais aussi d’actualité car les objectifs et les méthodes des capitalistes n’ont pas changé : exercer l’exploitation la plus grande pour tirer le maximum de profit en se débarrassant de ceux qui s’y opposent, entre autres par la criminalisation des actions syndicales.

 

Les nombreuses condamnations qu’a subies Julien Lahaut au cœur des luttes, dans les manifestations et aux piquets, comme en 1902 avec les métallos, n’ont pas disparu.

 

Nous ne sommes, de fait, plus très loin de la situation à laquelle était confrontée Julien : certes, la législation qui interdisait les syndicats avait été abrogée mais le code pénal empêchait les piquets de grève et permettait de poursuivre les meneurs en cas d’émeute, de voies de fait ou d’atteinte à la propriété.

 

Ce que Julien a affronté, a subi, nous y retournons d’une manière plus douce avec la condamnation odieuse de nos camarades de la FGTB Anvers, dont Bruno Verlaeckt.

 

Camarades, une réaction s’impose. Car ce n’était qu’un début. C’est l’existence même des organisations de masse de la classe ouvrière qui est en jeu : de nouveau les capitalistes et le gouvernement fédéral veulent s’attaquer aux syndicats et aux mutuelles et imposer la personnalité juridique.

 

Il est nécessaire de retrouver un syndicat de classe, un syndicat de combat comme les Chevaliers du travail fondé par Julien Lahaut ; retrouver un syndicat affilié à la FSM avec d’autres organisations de classe, comme les chevaliers du travail étaient affiliés à Profinter.

 

Notre combat contre les mesures gouvernementales en adéquation avec celles l’Union européenne du capital ne peut passer par la CES qui organise la collaboration de classe.

 

Camarades, nous savons que nous devrons réagir avec un front uni des travailleurs mais nous savons que nous ne pourrons compter sur la social-démocratie : les socialistes sont peut-être élus par les ouvriers mais ils constituent le parti ouvrier de la bourgeoisie.

 

Ce front, camarades, nous le présenterons avec le PTB qui prendra la parole comme c’est le cas depuis plusieurs années. La fédération liégeoise du Parti Communiste se présentera sur leurs listes aux prochaines élections communales et provinciales avec des candidats à Liège, Seraing, Verviers et dans le canton de Huy-Waremme.

 

À Seraing, nous ferons, comme en 38, perdre sa majorité absolue aux socio-démocrates pour renforcer le vrai camp du socialisme. Il y a 80 ans, c’était Julien qui menait la liste.

 

Lahaut a connu les manigances en 46 de la social-démocratie : il faillit être bourgmestre. Le Parti Communiste devançait la liste socialiste avec 39,9 % des suffrages mais le POB, ancêtre du PS a tout fait pour empêcher que Julien devienne bourgmestre de Seraing.

 

Aujourd’hui le PS livre nos villes aux promoteurs immobiliers et aux projets de centre commerciaux :  Rive Gauche à Charleroi, rencontres de Mathot à Cannes. Julien Lahaut, lui défendait les petits commerces contres les grands magasins. Aujourd’hui notre combat porte aussi contre les grands magasins qui saccagent l’emploi, comme à carrefour, notre combat porte contre les promoteurs qui pillent nos villes.

 

Camarades, Seraing-la-rouge appartient aux travailleurs, pas aux promoteurs.

 

Il est évident, camarades, que nous renforcerons le camp du socialisme et contrairement à ce qu’avance le PS, nous ne divisons pas la gauche ni ne renforçons les libéraux que nous combattons partout.

 

Nous ne sommes pas bernés par la pseudo-avancée des droits des femmes avec la « dépénalisation » de l’avortement.

 

Ce combat pour l’émancipation sera toujours nôtre et souvent est porté par les communistes. C’est un aspect méconnu des luttes de Julien Lahaut dont nous avons déjà eu l’occasion de parler qui est plus que jamais d’actualité :

 

en 1932 les réactionnaires accusaient Julien Lahaut de Malthusianisme quand il aidait des femmes qui avaient des grossesses non désirées, hier les réactionnaires enfermaient notre camarade Willy Peers. Aujourd’hui, les réactionnaires se battent encore contre le droit des femmes de disposer de leur corps. Au Brésil, les communistes et les associations féminines et féministes se battent pour l’avortement libre, gratuit et sûr comme en Argentine où le Sénat a rejeté la légalisation. Ici, les libéraux ont renié jusqu’au dernier de leurs principes. Demain nous gagnerons.

 

Certains libéraux, ici à Seraing, veulent nous donner des leçons alors que le MR s’est allié avec l’extrême-droite flamande de la NV-a qui applique une politique inhumaine.

 

Aujourd’hui, camarades, nous nous indignons à juste titre contre l’enfermement d’enfants mais notre combat doit être contre l’enfermement de tout être humain dans les centres fermés pour le simple fait de ne pas avoir les bons papiers. Julien Lahaut, quand des socialistes avaient abandonné leur poste au début de la guerre, s’est battu pour aller chercher des réfugiés en France avec l’aide de son camarade Henri Grognard qui était resté fidèle et assumait la présidence de la députation permanente.

 

Julien Lahaut qui a vécu l’horreur des camps de Neuengamme et Mauthausen, qui a accueilli 3 enfants de républicains espagnols chez lui, lui qui menait la grève à Ougrée-Marihaye en 1921 et avait organisé l’accueil des enfants des grévistes, Julien Lahaut n’aurait jamais accepté l’enfermement d’enfants, d’hommes et de femmes parce qu’ils n’ont pas les bons papiers ! Point !

 

1921, Le Parti Communiste venait d’être créé. Julien Lahaut n’allait y adhérer qu’en 1923 mais on peut dire que l’histoire du Parti Communiste se confond souvent avec la vie de son futur président.

 

Julien Lahaut était déjà un leader du PCB quand en 1939 un arrêté royal interdisait la « Voix du peuple », organe du parti. La raison ? Le gouvernement bourgeois interdisait toute presse hostile à la politique extérieure du gouvernement. Le journal du parti était interdit mais pas celui des rexistes. Les démocraties bourgeoises accusaient ainsi l’URSS et les Communistes mais ne reconnaissaient leur capitulation devant l’Allemagne Nazie à Munich.

 

Quel rapport avec aujourd’hui ? Eh bien, camarades, on ne s’empêcher de faire des rapprochements avec les interpellations des députés libéraux Jean-Jacques Flahaut et Olivier Maroy pour une loi sur les fake news, dans la droite ligne d’Emmanuel Macron. Censurer tout ce qui ne va pas dans le même sens que la propagande occidentale et gouvernementale, c’est là leur objectif.

 

L’attitude de la presse autour de l’assassinat de Julien Lahaut n’est pas sans rappeler la presse bourgeoise d’aujourd’hui : la libre déclarait dans les années 70 que l’assassinat de notre président était l’œuvre de Moscou, aujourd’hui, le monde qualifie l’attentat contre Maduro de mise en scène alors que les images sont explicites.

 

Nous ne pouvons, en tant qu’internationaliste, qu’exprimer notre solidarité avec la république bolivarienne du Venezuela aujourd’hui menacée.

 

Camarades, 68 ans après Julien, nous ne pouvons pas oublier qu’aujourd’hui encore, il existe des assassinats politiques contre nos camarades de gauche partout dans le monde par des mouvements fascistes.

 

Le Fascisme, c’est la mort ! et ceux qui collaborent avec les fascistes sont complices. Nous nous battrons toujours contre la peste noire et nous continuerons la tradition lancée par Julien Lahaut lorsqu’il a chassé les rexistes de Liège : nous ne laisserons pas les fascistes s’exprimer à Liège ni ailleurs !

 

Pourtant notre vigilance est de mise comme en témoignent les veillées place du marché ces dernières années ainsi que la présence de membres de Nation pour perturber notre rassemblement en soutien aux Palestiniens le 16 mai dernier place Saint-Lambert.

 

Camarades, là encore, les combats de Julien sont des exemples pour nous : avec l’aide de Joseph Jacquemotte, il créa un comité de vigilance des intellectuels antifascistes dont nous avons plus que jamais besoin.

 

Aujourd’hui, nous n’honorons pas seulement un homme mais ses combats et la classe ouvrière qui le suivait, l’appuyait et qui a été en quelque sorte assassinée le 18 août 50. Car si Julien animait des grèves, il était soutenu dans les usines. Les travailleurs avaient conscience que la lutte passait avant la loi, comme en 1921 où ils se sont battus pour la journée des huit heures.

 

C’est en gardant cela en tête que nous nous présenterons devant les travailleurs avec une série de revendications concrètes dont certaines déjà émises par Julien : en 46, il proposait la création d’un cadastre des fortunes et d’un dossier fiscal avec l’obligation des avoirs début 1947, il revendiquait la nationalisation de l’appareil productif, augmentation de la pension de vieillesse.

 

C’est le député Julien Lahaut qui s’est battu dès 1932 avec Jacquemotte et Glineur pour que l’assurance chômage soit universelle, gratuite et financée par les patrons. C’est ce financement que veut casser la bourgeoisie en réduisant les cotisations patronales.

 

Camarades, nous continuerons à défendre la sécurité sociale !

 

C’est le député Julien Lahaut qui au sortir de la guerre défendait un projet de loi instaurant l’égalité de la femme avec l’homme chef de ménage en cas de chômage involontaire

 

Nous continuerons à porter le combat pour l’égalité homme-femme !

 

C’est avec ce programme, camarades que nous nous présenterons, avec des revendications concrètes qui ne peuvent être atteintes que par la lutte sur le terrain et qui sont subordonnées à notre seul objectif, le socialisme.

 

Nous ne pouvons terminer cette commémoration sans parler de la paix qui est indissociable de la lutte pour le socialisme. Ces derniers mois, les menaces de l’impérialisme étasunien à travers Donald Trump sur la République Populaire démocratique de Corée faisaient écho à l’engagement de Julien Lahaut pour le désarmement nucléaire. Noss Julien fut le premier signataire Sérésien de l’appel de Stockholm alors que commençait peu après la guerre de Corée où la Belgique s’est tristement illustrée.

 

Moins d’une semaine après l’inauguration de la rue Julien Lahaut à Dampremy, nous réaffirmons que nous continuerons à défendre la mémoire de ce grand homme de la classe ouvrière et poursuivrons ses combats pour notre émancipation, pour le socialisme.

 

Nous vaincrons ensemble !

 

Vive le front uni des travailleurs, Vive le Parti Communiste de Belgique, Vive la République !

 

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