L'égalité de droit à l'éducation...une loterie.
Il y a des écoles « ghettos », des écoles « poubelles », des écoles où se regroupent les élèves en fonction du coût de leur habillement, les « bonnes écoles », les « petites écoles », les « grosses écoles »…
Le droit à l'éducation, une loterie ?
L’égalité de droit à l’éducation a eu et aura bien des difficultés à se réaliser dans notre société capitaliste. L'histoire de l’enseignement est faite d’avancées plus ou moins démocratiques suivies de reculs impressionnants.
Prenons le milieu du XIXe siècle comme point de départ d'un bref rappel historique. On sait que précédemment l'enseignement était essentiellement religieux. Mais, petit à petit, avec difficulté, et sous l'impulsion d'un mouvement libéral, des villes telles que Liège, Bruxelles et Gand ainsi que l'Etat commencèrent à créer leurs écoles. Dès 1878, s’établit une concurrence virulente entre le réseau catholique, jusqu’alors monopolistique, et le réseau naissant des villes et de l’Etat.
C’est dans ces années-là que l’on assistait à un foisonnement de faits positifs :
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Le POB, issu du mouvement social de l’époque, mit l'obligation scolaire à son programme.
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Les besoins croissants du commerce et de l’industrie amenèrent la création de l’enseignement technique.
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Des femmes clairvoyantes et courageuses dont Isabelle Gatti de Gamond et Léonie de Waha créèrent des écoles pour filles.
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En 1877 fut ouverte à Gand la première école pour handicapés mentaux.
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Il résulta de tout ce brassage d’idées l’instauration de la scolarité obligatoire à la fin de la première guerre mondiale.
Mais la démocratisation de l’enseignement débuta véritablement à la sortie de la deuxième guerre mondiale dans une période de forte croissance économique et d’une forte demande de personnel qualifié dans l’industrie et les services. Si les milieux économiques et politiques ont accepté une élévation générale de formation, ce n’est, certes, pas par préoccupation humaniste d’émancipation populaire, mais bien pour répondre à des exigences de l’économie capitaliste du moment.
Il était donc nécessaire d’ouvrir les écoles secondaires aux enfants des milieux les plus défavorisés. Ce fut par conséquent une période d’accès généralisé à l’enseignement, une période de massification de l'enseignement, du développement d'un enseignement de promotion sociale, d'un enseignement plus démocratique, ouvert à tous, basé en principe sur « l'égalité des chances » et soumis à des réformes pédagogiques importantes. Ce fut, entre autre, l'expérience de l'enseignement rénové. Mais cette réforme, basée sur « l'égalité des chances », ne satisfaisait pas une certaine bourgeoisie pour laquelle la formation traditionnelle, reproduisant à souhait les différences de classes, lui convenait bien davantage.
Enfin, cette période a connu aussi un développement de l'enseignement spécialisé qui a permis à des personnes atteintes de déficiences mentales ou physiques de prendre leur place, peu à peu, dans notre société.
A partir des années 80 et, plus particulièrement à la suite de la communautarisation de l'enseignement, on peut parler de dérégulation du système éducatif. Sous prétexte d'économie, l'école a subi les agressions des gouvernements successifs de gauche comme de droite. Les mesures d'austérité ont ainsi conduit à une remise en cause de la démocratisation, et à une école plus sélective et plus orientée vers la concurrence entre élèves.
Ajoutons à cela les mesures contre l'enseignement technique et professionnel tendant à les placer sous le contrôle du privé par le développement d'un partenariat privé-écoles.
Ecole en péril
Le mode capitaliste pollue l' enseignement : privatisation, compétitivité, concurrence, argent imprègnent nos sociétés. Face à cette société débridée, nous voulons une formation scolaire qui englobe le développement complet de l'individu : formation cognitive, artistique, physique, technique. C'est ce que nous appelons la formation polytechnique.
Le refinancement de l'enseignement est plus que nécessaire.
Nous sommes partisans d'un tronc commun général et technique jusqu'à 16 ans, suivi de l'orientation et, donc, du choix des options. Ce que nous voulons c'est donner aux jeunes les moyens de comprendre le monde dans lequel ils vivent. Il s'agit de donner à ces jeunes les valeurs nécessaires pour sortir le monde des crises alimentaires, économiques, climatiques, écologiques, sociales, culturelles...
Dans les actes de notre dernier congrès, nous revendiquions un seul réseau officiel d'écoles de service public gratuit, égalitaire et laïque.
Egalitaire... parlons-en. Tout le monde de l'éducation se plaint du coût de la rentrée: forums, débats, le sujet a fait la une de tous les médias. Nous entrons dans le débat en faisant une proposition précise, à savoir la création de coopératives d'achat en grande quantité qui, à chaque début d'année scolaire, peuvent être mises en place par les directions et économats de toutes les écoles officielles.
Tous les élèves disposent du même matériel, des mêmes produits, fournis directement par la coopérative scolaire dès les premiers jours de septembre. Il n'y a plus de concurrence (notamment des marques). C'est un signe de respect à l'égard de l'institution scolaire officielle. Tout le monde y trouverait son compte, les parents car le coût serait moindre, et les élèves dans l'apprentissage de la solidarité et de la coopération.
Pour les enseignements maternel et primaire officiels l'autorité publique doit prendre en charge les dépenses de fournitures scolaires ainsi que le coût des excursions pédagogiques. On sait que de l'argent il y en a... allons donc le chercher où il se trouve : Taxation des bénéfices des sociétés, lutte contre la fraude fiscale, taxation des millionnaires...
(Extrait du travail de membres du parti communiste)
Andrée Driesens (Membre de la CGSP pensionnés, Verviers)
Robert Halleux (Membre de l’Académie Royale de Belgique)
Julien Hanotte (Etudiant en Romanes)
Robert Houtain (Ex-président de la CGSP enseignement, Luxembourg)
Peter Maaswinkel (Ex-délégué syndical CGSP enseignement, Welkenraedt)