De bons vœux, est-ce bien sérieux ?
Vous présenter des bons vœux à l’aube de l’année de m… qui s’annonce ? Je me demande si ce n’est pas basculer dans le surréalisme ou la provocation gratuite…
Edito de Nico Cué, 18/01/2012.
Et pourtant, je vais le faire, mes camarades : meilleurs vœux pour 2012 ! Meilleurs vœux ou, plutôt, un seul vœu : que tout ce qui nous est annoncé en termes de régression sociale soit finalement annulé.
Vœu pieu, rêve éveillé ? Pas sûr du tout : ce vœu-là, nous pouvons travailler à ce qu’il se concrétise. Nous pouvons, par notre mobilisation, par notre capacité à dénoncer et à démontrer, expliquer vers quel gouffre on nous conduit à toute vitesse, et espérer arrêter l’engin avant qu’il ne soit trop tard. 2011 a prouvé que les populations pouvaient reprendre la main sur l’aveuglement des gouvernants. Souhaitons-nous que cette démonstration se poursuive en 2012, et faisons tout ce qu’il faut pour cela.
Pendant la courte trêve de fin d’année, chaque jour qui passait a apporté son petit paquet de précisions sur les conséquences des premières décisions du gouvernement Di Rupo, et sur ce qui se tramait pour les semaines qui viennent. Il n’y a aucun doute là-dessus : ils sont en train de casser le système et de tout faire pour que travailleurs et allocataires plongent. Ils cognent sur les chômeurs, jeunes ou âgés, en attente d’allocation ou coupables de continuer à en percevoir parce qu’ils ne trouvent pas d’emploi ; ils cognent sur les travailleurs âgés en leur infligeant un nouveau pacte des générations ; ils cognent sur les femmes pour lesquelles se constituer une carrière complète devient désormais quasiment mission impossible. Ils cognent, et ils trahissent : comment trouver un autre mot que trahison lorsqu’ils changent d’un coup sec les règles des crédits-temps qu’ils avaient promotionnés à tout va, lorsqu’ils suppriment les droits à la réduction du temps de travail pour les travailleurs âgés qui avaient fait le choix de continuer, lorsqu’ils liquident d’un trait de plume des droits à la pension pourtant déjà constitués. C’est vrai que, dans ce dernier cas, ce n’est plus de la trahison, mais bien du vol…
Leur seul but est de rester dans les clous des règles édictées par le marché, par les instances européennes pour lesquelles, elles viennent encore de le rappeler, cette austérité annoncée n’est pas encore assez austère. Et tant pis pour les travailleurs, pour les citoyens, si ces clous-là seront, au final, les clous de leur cercueil. Dans un article paru récemment (Le Monde, 2 janvier), l’ancien Premier ministre (socialiste) français Michel Rocard se demandait pourquoi, au nom de la remise de la machine sur les rails, les Etats allaient finir par payer six cents fois plus que les banques. Pourquoi, autrement dit, le monde financier, responsable de la crise, allait s’en sortir à six cents fois meilleur compte que les Etats, c’est-à-dire nous, les citoyens ?
Continuer comme cela, c’est assurément courir droit non seulement à la liquidation de notre modèle social, mais aussi de toutes les règles qui structurent nos démocraties. C’est cela que veut le capitalisme, pour lequel la démocratie a toujours été un truc à empêcher de faire de l’argent à sa guise. Ce qui est nouveau, chez nous, c’est que les socialistes, en échange de quelques strapontins ministériels, y adhèrent sans réserve.
Peut-être, politiquement, sommes-nous à un bout du chemin : l’année prochaine, il y aura 25 ans que les socialistes sont revenus au pouvoir en Belgique. Si nous en sommes là aujourd’hui, ils ne peuvent nier leur responsabilité, et elle tient en un constat : la droite au pouvoir mène des politiques de droite, la gauche au pouvoir n’a pas mené des politiques de gauche et, aujourd’hui, joue carrément à droite. Il faudra s’en souvenir à l’instant démocratique, mais en attendant il faut faire un second constat. Seuls les travailleurs, seule la population peut maintenant changer la donne. En protestant, en descendant dans la rue. Nos armes sont la mise en cause, la dénonciation, la manifestation, la grève. Utilisons-les, et frappons déjà fort pour la première étape de 2012 : le grève générale du 30 janvier. Ils ne veulent pas nous respecter. Alors, nous allons leur faire peur.
Nico Cue, Secrétaire général de la MWB-FGTB