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Meeting électoral du Parti à Bruxelles

Publié dans La Fédération de Bruxelles

Roland NynsDiscours du camarade Roland Nyns, candidat sur la liste PTB-PDVA-GO aux élections régionales

Le 25 mai, la gauche rentrera dans les Parlements fédéral et régionaux après en avoir été trop longtemps absente. C'est ce qu'indiquent les sondages et c'est aussi ce que nous, militants, ressentons lorsque nous distribuons des tracts sur la place publique. Un spectre hante à nouveau la Belgique!

Et Reynders a beau chuchoter à l'oreille des riches qu'ils ne doivent rien craindre, qu'il est encore là, qu'il veillera à leurs intérêts; ils ont quand même peur et tous, depuis la N-VA jusqu'au PS en passant par les Ecolos, tous avertissent, sermonnent et sollicitent les électeurs de ne pas voter pour ce qu'ils appellent "l'extrême" gauche.

Mais nous, communistes, ne sommes pas des "extrémistes". Nous avons simplement des principes et nous nous y tenons. Nous ne promettons pas du rouge pour servir de l'orange-bleu, du vert ou même du rosé!

La dynamique qui va faire revenir des voix de gauche dans les assemblées parlementaires de ce pays, c'est celle de l'union, c'est celle du rassemblement des forces de gauche autour du PTB, celle de la Gauche Ouverte. Les petits partis de gauche qui se chamaillaient sur des points de doctrine obscurs, n'encourageaient pas les progressistes à leur faire confiance. L'alliance autour du PTB est plus que la somme de ses composantes. C'est un pas vers la reconstitution de la gauche, qui donne espoir au peuple de gauche. Et cet espoir, cette confiance, il nous importe de ne pas la décevoir. Cela nous impose de persévérer, d'approfondir et même d'élargir notre rassemblement après le 25 mai.

Bien sûr, nous avons chacun nos analyses, nos visions, nos programmes, nos dadas. Nous ne voulons pas y renoncer, mais nous n'exigeons pas non plus de nos alliés qu'ils renoncent aux leurs. Nous sommes la Gauche "Ouverte". Ce n'est pas un handicap, c'est une richesse, une occasion d'apprendre les uns des autres au lieu de prononcer des anathèmes comme nous l'avons trop fait dans le passé!

Nous avons en commun un outil puissant, c'est le marxisme, les écrits de Marx, Engels, Lénine et d'autres. De cet outil, Marx voulait qu'il ne serve pas uniquement à "interpréter le monde, mais à le transformer". Et il l'a transformé: en Europe il a permis à des pays économiquement sous-développés de construire - du moins temporairement - une économie socialiste; en Asie il a largement contribué à l'émergence économique de pays féodaux après les avoir guidés sur la voie de l'indépendance; en Afrique et en Amérique latine, il a musclé les mouvements de libération nationale et permis la construction d'un Etat socialiste sur le pas de porte de l'impérialisme, à Cuba!

Marx n'a jamais dit, ni écrit, que la voie vers le socialisme était une autoroute. Et l'échec de l'expérience des pays du "socialisme réel" nous a tous touché durement, même ceux d'entre nous qui étaient très critiques vis-à-vis de cette expérience.

Le libéralisme débridé, qui aujourd'hui tente d'imposer à la classe ouvrière d'Europe des conditions de travail du début du siècle passé, n'aurait pas osé le faire en présence du "socialisme réel". Les indignés ne se seraient pas contentés d'être indignés, ils auraient eu un projet de société non-capitaliste.

Ce projet, nous l'avons parce que nous sommes marxistes. Et parce que nous sommes marxistes, nous savons aussi que nous ne pouvons pas le réaliser en un coup de scrutin magique. Nous savons que c'est au travers de la lutte des classes, de mobilisations des masses, de combats syndicaux et de luttes quotidiennes que nous y parviendrons.

Camarades, le 25 mai, ce n'est pas la "lutte finale", et le 26 ne sera pas un de ces "lendemains qui chantent". Notre programme électoral n'est pas "la construction du socialisme à Bruxelles", mais une série de mesures anticapitalistes qui visent à améliorer les conditions de vie et défendre les conquêtes sociales des travailleurs, des sans-emplois, des allocataires sociaux et retraités, ainsi que des petits indépendants.

Et l'intervention des élus du PTB-GO est urgente face à la situation des plus démunis.

Pensez donc! Il y a à Bruxelles 40.000 familles, 100.000 personnes, en attente d'un logement social, et voici ce que nous propose le PS: 42.000 nouveaux logements construits par le secteur privé et 3.900 logements sociaux. Mais c'est précisément le contraire qu'il faut! Croyez-vous que le secteur privé va construire des logements pour nos sans-abris, nos mal-logés et les milliers de familles dont le loyer représente 40% ou plus du budget mensuel?

3.900 logements pour 40.000 familles, cela n'épongera même pas 10% des besoins. Sans compter que c'est la promesse qui avait déjà été faite il y a cinq ans et qui a produit à tout casser 700 logements. Ce n'est pas le privé qui va résoudre les problèmes du logement à Bruxelles.

Nous nous engageons à déposer un projet de loi qui obligera toutes les communes à construire des logements sociaux à concurrence de 15% du parc de logements dans les 5 ans.

Cette mesure, dont nous pouvons assurer le financement, créera des milliers d'emplois ainsi qu'un contrepoids au secteur privé du logement et un frein à la spéculation immobilière. Cette proposition de loi est le fer de lance de notre combat contre le mal-logement, mais elle devra être accompagnée d'autres mesures telles que:

1. le blocage des loyers (qui ont augmenté de 45% en dix ans);

2. le développement des Agences Immobilières Sociales;

3. l'application de la loi Onkelinx qui permet la réquisition et la rénovation de logements inoccupés. Il y a à Bruxelles plus de 20.000 logements vides qui tombent sous cette loi, dont 5.000 pourraient être occupés immédiatement;

4. mettre fin à la fraude fiscale que représente la non-actualisation des cadastres qui servent à fixer la taxe immobilière. Le revenu cadastral doit être actualisé tous les cinq ans d'après la loi, or la dernière péréquation date de 1980, sur base des loyers de 1975. Cela fait 40 ans!

En développant un important parc de logements publics, nous soustrayons autant de parts de marché aux grands groupes immobiliers, tout en répondant à des besoins sociaux élémentaires de la population.

Parmi ces besoins, il y a aussi l'enseignement qui me tient particulièrement à cœur de par ma profession et aussi parce que je suis convaincu que notre plus importante matière première, c'est la matière grise!

Classes surpeuplées, bâtiments déglingués, profs surmenés et élèves désabusés; la situation de l'enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles est désastreuse. Particulièrement à Bruxelles, où l'on sait que la demande va fortement augmenter dans les prochaines années: 20% des jeunes Bruxellois quittent l'école sans diplôme, un élève sur deux a doublé au moins une fois avant l'âge de 15 ans! L'enseignement que nous offrons à nos enfants est le plus inégalitaire de tous les pays de l'OCDE.

Nous ne sommes pas les seuls à faire ces constats et nous pouvons donc espérer ne pas être isolés dans nos revendications, puisque Benoît Cerexhe, CdH, propose "un pacte d'avenir pour les 0-25 ans avec un enseignement d'excellence pour tous". Quant à la PS Françoise Dupuis, elle demande "une école pour tous, et surtout une très bonne école pour tous!" Ah les belles paroles!

Nous comptons donc qu'ils se rallient à nos propositions pour obtenir que la Fédération Wallonie-Bruxelles organise un soutien spécifique aux élèves qui ne maîtrisent pas ou mal la langue française. En Région Bruxelloise, un élève sur deux n'a pas le français comme langue maternelle, et sa compréhension insuffisante du français le handicape dans toutes les matières enseignées. Même l'apprentissage de la deuxième et d'une troisième langue est facilité par l'acquisition d'une bonne base dans la première langue.

Et puisque nous y sommes, il faut aussi généraliser l'enseignement en immersion, et ce dès l'école primaire. C'est ce qui se fait avec succès dans les établissements élitistes que sont les Ecoles Européennes.

Il faut démocratiser l'école à tous les niveaux: d'abord en instaurant un tronc commun jusqu'à la fin du deuxième degré (16 ans) afin de ne pas reléguer sur des voies de garage les élèves les moins favorisés.

En Belgique, l'obligation scolaire court jusqu'à 18 ans et c'est bien ainsi. Notre constitution (art. 24) stipule que "l'accès à l'enseignement est gratuit jusqu'à la fin de l'obligation scolaire"; c'est donc aux Pouvoirs publics qu'incombe d'assurer la gratuité de toutes les prestations auxquelles chaque élève doit avoir accès: fournitures scolaires, repas à la cantine, transports, sorties pédagogiques et culturelles, etc. Nous réclamons la suppression de tout type de minerval.

Les manquements les plus flagrants de notre système scolaire découlent dans une large mesure de son éclatement en réseaux multiples pourtant tous financés quasi intégralement par les budgets publics. Au lieu de coopérer, ces réseaux se font la concurrence afin de capter un maximum d'élèves et donc de subsides. Ils sont inefficaces et mal adaptés aux besoins des élèves et de la société en général.

Cet héritage du Pacte scolaire de 1959 n'a plus de raison d'être au 21ème siècle et alors que l'enseignement catholique s'est largement sécularisé. Nous proposons d'abolir le caractère confessionnel de l'enseignement privé au profit du principe de neutralité de l'enseignement officiel. Ce qui est financé par le public, doit être géré par lui.

Dans cette optique, l'obligation d'inscrire les élèves à un cours de religion ou de morale doit être supprimée, comme c'est déjà le cas en Flandre. Les cours de religion obligatoires doivent être remplacés par un cours commun de philosophie et de citoyenneté respectueuse des différences.

C'est un vaste programme visant à développer une école égalitaire et démocratique, mais il y a d'autres forces qui nous rejoindront dans ce combat, à commencer par les enseignants eux-mêmes.

Enfin, permettez-moi d'aborder un sujet à première vue étranger aux enjeux régionaux, à savoir le funeste Traité de libre-échange transatlantique. Il s'agit d'un enjeu fondamental pour notre avenir qui jusqu'à présent est négocié dans le plus grand des secrets. Pourtant, à notre niveau, nous serons tôt ou tard confrontés à ce texte, lorsqu'il sera mis au vote au sein des Parlements régionaux ainsi qu'au fédéral.

Ce traité vise à accorder aux grandes multinationales des droits jusqu'à présent réservés aux Etats et d'abolir tout ce qu'elles considèrent comme des entraves à la liberté du commerce. Cela concernera non seulement les biens et services, mais aussi la finance, la culture, les droits intellectuels, le secteur de la santé, celui de l'enseignement...

Les pays signataires, c.-à-d. les 28 de la Communauté européenne et les USA, s'engageront à abolir toutes les entraves à l'enrichissement des multinationales, faute de quoi ces dernières pourront les trainer devant des "mécanismes de règlement de différents". Ces cours arbitrales sont de véritables tribunaux d'exception constitués de trois avocats d'affaires nommés par les multinationales elles-mêmes et ne disposant pas de niveau d'appel.

Mais que sont donc ces "entraves à la libre circulation des biens, services, entreprises et investissements" qu'il convient d'abolir selon ce traité? Le document prévoit que toutes les réglementations, procédures et normes doivent être "harmonisées". Vers le bas, bien sûr. Ce sont donc les normes les moins contraignantes pour les multinationales qui doivent être adoptées par tous les autres pays. Et cela concerne tant les règles sur les OGM et les normes anti-pollution, que la protection de la vie privée et les salaires minimum!

Quant aux conquêtes sociales que les travailleurs de ce pays ont obtenues de haute lutte, n'en parlons pas! Oubliez le salaire minimum et surtout l'index. Les promoteurs du traité indiquent qu'ils entendent imposer "l'élimination, la réduction ou la prévention de politiques nationales superflues"

Vous ne parvenez pas à le croire? Moi non plus. Et pourtant il y a des précédents: suite aux accords similaires que les USA ont conclus avec d'autres pays, l'Egypte a été condamnée à indemniser une compagnie pétrolière pour avoir instauré un salaire minimum.

Enfin, quel sera le rôle que joueront nos parlementaires suite à l'adoption du Traité de libre-échange transatlantique? Souvenez-vous les débats sur le "Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance" (TSCG). Ah, vous ne vous en souvenez pas? C'est que justement, il n'y a pas eu de débat! Si ce n'est au sein d'Ecolo dont les parlementaires ont voté "pour" aux Régions et "contre" à la Chambre.

Les seuls qui porteront le débat sur la place publique et qui ne se coucheront pas devant les ukases de la Commission européenne seront les élus du Parti Communiste et leurs alliés du PTB-GO. Nous déposerons une motion au Parlement pour que la Région Bruxelloise se déclare "zone hors-TTIP". Nous serons le relais parlementaire des larges mobilisations citoyennes sans lesquelles il sera impossible de mettre ce projet impérialiste en échec.

"Le capital a horreur de l'absence de profit ou des très petits profits comme la nature a horreur du vide", écrivait Karl Marx. "Quand le profit est adéquat, le capital devient audacieux. Garantissez lui 10 pour cent, et on pourra l'employer partout; à 20 pour cent, il s'anime, à 50 pour cent, il devient carrément téméraire; à 100 pour cent il foulera aux pieds toutes les lois humaines; à 300 pour cent, il n'est pas de crime qu'il n'osera commettre, même s'il encourt la potence."

C'est ainsi que les dirigeants européens n'hésitent pas à se lancer dans des aventures belliqueuses en Afrique, ni d'encourager des rébellions rapidement étiquetées "démocratiques" en Syrie, en Yougoslavie ou actuellement en Ukraine.

C'est sous la Présidence européenne lithuanienne que la révolte contre le régime oligarchique et corrompu de Ianoukovitch a été encouragée par le miroir aux alouettes d'une association de l'Ukraine avec la CE. Alors que des groupes néonazis infiltraient les manifestants de la place Maïdan, des dignitaires Européens allaient sur place pour encourager les contestataires. Au lendemain de la fuite du Président et du coup d'Etat qui s'en est suivi, l'Europe concédait un prêt de 16 milliards d'Euros (aux conditions de la Troïka) alors que le parlement ukrainien décidait que le russe, parlé par 38% de la population, ne serait plus une des langues officielles du pays. Cette provocation évidente parmi d'autres a entraîné un début de guerre civile dans le pays, le massacre d'opposants au régime de Kiev brûlés vifs et abattus dans un immeuble incendié et les référendums pour l'indépendance de parties du pays majoritairement russophones.

Le pouvoir en place dont quatre ministres sont issus de groupes néo-nazi, compte interdire le Parti Communiste ukrainien, qui représentait 18% de la population aux dernières élections, et avaient récolté plus de 4 millions de signatures contre le traité d'association avec la CE.

L'Europe a renforcé sa présence militaire aux frontières du pays, provocant ainsi directement la Russie, dont le président ne voit pas d'un bon œil l'OTAN se rapprocher de ses frontières. Il suffit à présent d'un coup qui part par inadvertance ou d'une provocation de la part de groupes incontrôlés sur le terrain d'opérations pour déclencher un conflit avec la Russie. N'oublions pas que c'est un coup de révolver qui a embrasé toute l'Europe il y a un siècle.

Nous devons nous opposer à l'ingérence de la CE dans ce conflit interne et encourager la négociation des Ukrainiens entre eux pour parvenir à un Etat démocratique, uni et indépendant.

Camarades, j'en reviens un instant à l'alliance que nous avons rejoint autour de la liste du PTB-GO. Pour que cette alliance puisse perdurer après le 25 mai et même s'élargir et grandir, il est important qu'aucun n'ait l'impression d'y perdre quelque chose. Peut-être mes amis du PTB ou de la LCR ne sont-ils pas d'accord avec tout ce que j'ai dit. Je suis convaincu qu'à force de lutter ensemble, nous pourrons aussi parvenir à plus de compréhension les uns des autres.

Je pense aussi qu'il est important qu'il y ait beaucoup de parlementaires de la liste PTB-GO dans les assemblées le 26 mai, et parmi ceux-ci des élus de la LCR et du Parti Communiste. Je pense qu'il sera plus difficile d'affirmer et de faire grandir notre alliance s'il n'y en a pas. C'est la raison pour laquelle je vous demande de voter pour les candidats du Parti Communiste les mieux placés pour les diverses assemblées. C'est la raison pour laquelle je vous demande de voter pour moi, septième sur la liste PTB-PDVA-GO à la Région Bruxelloise!

Venceremos!

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