Carsid : 40 mois d’attente… pour rien ?

Publié dans La fédération de Charleroi

Le site de Carsid à Marcinelle est fermé par Duferco, faute de repreneurs. Les salariés étaient en chômage économique depuis 40 mois. Ont-ils attendu en vain ? Chronologie en huit étapes-clés.

Automne 2008. Lorsque tombe, à l'automne 2008, la décision de mettre le personnel de Carsid en chômage économique, c'est une phase à chaud comprenant non seulement un haut-fourneau d'une capacité annuelle de 2 millions de tonnes de brames, totalement remis à neuf en 2007, mais aussi une aciérie, une agglomération et une centrale électrique qui sont mis à l'arrêt. Le site carolo fait alors partie de Steel Invest & Finance (SIF), coentreprise créée en 2006 et détenue à parts égales par l'italo-suisse Duferco et le groupe russe Novolipetsk Steel (NLMK).

2009. Cette décision, lourde de conséquences sur le plan social, intervient alors que la demande mondiale d'acier plonge, de même que les prix, sous l'effet de la plus importante crise économique de l'après-Seconde Guerre mondiale. Très vite, la mise en chômage économique des travailleurs de Carsid est prolongée jusqu'à la fin du premier trimestre de 2009, avant d'être à nouveau prorogée.

Janvier 2010. La direction de Carsid annonce que la production ne reprendra pas avant la fin du deuxième trimestre de la même année. Raisons invoquées : le prix de vente trop bas et le niveau toujours trop faible de la demande d'acier sur les marchés de l'automobile et de la construction.

Fin mai 2010. L'échéance est à nouveau reportée, cette fois à la fin d’octobre. Pendant ce temps, l'approvisionnement en brames des sites de Clabecq (spécialisé dans les plaques) et de La Louvière (transformation de produits plats et produits longs) est assuré par les haut-fourneaux russes de NLMK.

Printemps 2011. NLMK reprend les parts de Duferco dans SIF pour 600 millions de dollars. Le groupe russe met ainsi la main en Belgique sur les activités «produits plats» de La Louvière, sur le site de Clabecq ainsi que sur plusieurs centres de distribution. Quant à Duferco, il conserve la filière «produits longs» de La Louvière ainsi que Carsid, toujours à l'arrêt et désormais coupé de son aval. Lors de l'officialisation du divorce à l'amiable avec NLMK, Antonio Gozzi, patron de Duferco Belgium, annonce qu'il se lance «avec son bâton de pèlerin» à la recherche d'une solution industrielle susceptible d'offrir un aval à Carsid. Il se dit prêt à un partenariat, voire à céder les installations carolorégiennes pour un euro symbolique. Il faut dire qu'en cas d'abandon définitif des activités, la facture de dépollution pourrait s'avérer salée. Les ouvriers, eux, se montrent de plus en plus pessimistes.

Automne 2011. Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l'Economie, laisse entendre que trois candidats repreneurs se sont montrés intéressés. Il s'agirait de groupes italien, ukrainien et thaïlandais. Quelques jours plus tard, fin octobre, Antonio Gozzi confirme être en dialogue avec «trois industriels qui, pour des raisons différentes, pourraient être intéressés» par Carsid. Il tait leur nom par souci de discrétion. Le patron de Duferco Belgium déclare qu'il se donne jusqu'au premier semestre de 2012 pour trouver une solution. Antonio Gozzi énumère alors les atouts dont jouit, selon lui, Carsid : localisation au cœur de l'Europe, grand professionnalisme et savoir-faire technique des travailleurs. Il évoque même le prix de revient de la brame d'acier produite à Carsid et qui, bien que plus élevé que pour un haut-fourneau maritime, est «plus compétitif» que celui du haut-fourneau d'ArcelorMittal à Liège, dont l'arrêt vient d'être annoncé. Afin d'attirer les investisseurs, Antonio Gozzi se dit encore prêt à investir dans la réfection, en exploitant les meilleures technologies disponibles, de la cokerie alimentant Carsid et qui a été fermée en janvier 2008.

Début 2012. La dernière marque d'intérêt pour Carsid a, semble-t-il, été exprimée par une société chinoise, qui s'était renseignée en début d'année 2012. Sans que cela ne débouche sur une reprise du dernier haut-fourneau carolo.

Mars 2012. Après 40 mois de chômage économique et une crise sans précédent, le couperet tombe pour le haut-fourneau de Carsid, à Marcinelle (Charleroi), et son millier de travailleurs. Mis en chômage économique depuis novembre 2008, privé de son aval depuis la reprise au printemps 2011 par le groupe russe NLMK des sites de Clabecq et La Louvière, le haut-fourneau de Carsid à Marcinelle, filiale de Duferco Belgique, ne sera pas relancé.

Trends.be, avec Belga

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