Élections sociales : Le rouge est à la mode !

Publié dans Syndicalisme

Ce printemps, le rouge est «tendance». Les grands rassemblements populaires français de la gauche de gauche ont remis nos couleurs dans le vent. Les enjeux des élections présidentielles nous concernent directement. Avec un bulletin de vote, les Français avaient (et ont peut-être encore) le pouvoir de faire bouger l'Europe, ce cadre de plus en plus pesant, de plus en plus autoritaire, de plus en plus fou...

Avec l'instrumentalisation de l'idée européenne par la droite, les gouvernements se préparent à imposer aux peuples de l'Union un carcan asphyxiant : le « six pack », fruit du Traité de Lisbonne, va corseter les budget nationaux, réduire la voilure des services publics, contraindre les politiques salariales et tuer dans l’oeuf la relance indispensable. Le vieux continent est promis à une récession dont personne ne peut prévoir la sortie. Qui a demandé notre avis sur le sujet ? C'est tout simplement inacceptable !


Chez nous, les élections sociales qui se profilent sont une même occasion pour les travailleurs dans les entreprises d'ouvrir ce débat et d'adresser, dans les urnes, un message clair aux employeurs comme aux responsables politiques.


Que la peur change de camp


L'oligarchie française commence à s'inquiéter sérieusement du réveil des masses populaires et des risques de contagion culturelle du programme du Front de gauche. Elle a lâché ses « chiens de garde » dans la dernière ligne droite avant le premier tour. A nous, ici, là où nous militons et où nous vivons de faire vivre un même élan, une même détermination et de mêmes espoirs. Que la peur change de camp !


Pour nous, volontiers insultés et traités de « terroristes » par le patronat wallon, le scrutin s'annonce déjà sous de bons augures. En effet, même aux endroits où l'évolution du tissu économique a réduit le nombre de mandats à pourvoir, la MWB présentera plus de candidats qu'il y a quatre ans ! C'est un signe. Et déjà un signal fort...


Les projets portés par la FGTB, souvent décriés, font naître des engagements. Il est réjouissant de constater qu'il n'y a pas pénurie de camarades prêts à s'engager dans la défense de leurs collègues et la transformation de la société toute entière.


Il s'agit là déjà d'un renforcement de notre rapport de force. Nous en avons besoin. Pour résister à une offensive sans précédent, dure et violente, de toutes les composantes de la droite la plus réactionnaire, politique, économique, académique, médiatique... Son objectif, elle ne le cache pas, c'est la ruine du modèle social construit dans la résistance au nazisme et instruit des enseignements tirés de la « crise de 1929 ». Il faudrait détruire cette organisation sociale fondée sur une sécu développée, des services publics forts, une fiscalité progressive et des éléments importants d'une démocratie économique et sociale dont les élections sociales sont une des expression. « Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ? » interrogeaient en mars 2004 une série de résistants survivants, au rang desquels le lumineux Raymond Aubrac dont on vient tristement d'apprendre la disparition.


Touche pas à notre index


Cet héritage est un patrimoine collectif et représente des avancées civilisatrices. Nous devons le défendre et le protéger ! C'est le moment de rappeler que l'indexation automatique des salaires et des allocations sociales était contenue dans le Pacte social de 1944. Un texte négocié sous l'occupation ! Le patronat, les partis libéraux et chrétien flamand, une presse « aux ordres », entendent aujourd'hui « briser ce tabou », « ouvrir le débat ». Ils organisent ainsi la mise sous pression de négociations programmées en juin sur la relance (ou la «compétitivité des entreprises»), en septembre sur la liaison des allocations sociales au bien-être, à l'automne sur un nouvel accord interprofessionnel... Sans parler des travaux budgétaires de fin d'année.


Si « on » nous cherche, les occasions de nous trouver ne vont pas manquer. Pas question pour nous de continuer à payer pour les erreurs et les fautes du système financier. Nous n'allons pas plus accepter qu'on spécule sur notre appauvrissement. C'est au tour des riches de passer à la caisse. Comment ? Par la globalisation des revenus dans le calcul de l'impôt sur les personnes physiques, par la restauration des tranches d'imposition supérieures effacées par Reynders, par un relèvement substantiel du salaire minimum interprofessionnel. Toucher à l'index, c'est rajouter à l'austérité de l'austérité et de la misère.


Et cela au moment où Bruxelles et la Wallonie se préparent à passer un sale quart d'heure. Le Conseil supérieur des finances vient en effet de recommander le retour à l'équilibre d'ici 2014 de toutes les entités fédérées du pays. Comme la Flandre dégage déjà des excédents, cela signifie que l'essentiel de l'effort porterait sur les régions les plus pauvres !


Dans ce climat tendu et dans la perspective de nouvelles mobilisations, l'accroissement du nombre de nos militants prêts à s'engager dans la bagarre est une bonne nouvelle. C'est déjà la promesse que nous ne sommes pas prêts à baisser le pavillon. Rouge !


Nico Cue, Secrétaire général MWB-FGTB

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